LES
CARACTERISTIQUES
TABLE DES
MATIERES
AvantPropos {1}
Avant la
Naissance de EL HADJi OUMAR TALL {2}
Première Partie : La naissance d’El
Hadj Oumar Tall { 3}
Deuxième Partie : La carrière Coranique
de El Hadj Oumar Tall {12}
Troisième
Partie :
El Hadj Oumar, Vu par Cheikh Moussa Camara {18}
Quatrième
Partie:
EL Hadj Omar Tall, Pionnier de l’unification africaine, Par Sékéné Mody
Cissoko {30}
Conclusion {35}
Sources {37}
Biographie {38}
escrivain Saidou dia
Houdou dia
Avant-propos
L’histoire s’apparente à une mémoire.
Elle conserve et unifie notre représentation du passé collectif. Toutefois à la
différence de la mémoire personnelle qui s’impose spontanément à nous, elle
veut être une connaissance du passé. Il y’a donc lieu de distinguer ces deux
formes pour comprendre en quoi le produit de la science historique est une
connaissance. Comment faire pour qu’un souvenir qui témoigne d’un passé puisse
devenir preuve d’une vérité historique.
Actuellement, nous pouvons mettre
àjour une transcription en caractères arabes pour ne histoire eux écrire de gauche à droite est un
peu rude. Actuellement de nombreux jeunes gens sont entrains d’utiliser cette
transcription arabe pour leurs recherches personnelles, entémoigne le document
qui suit.
Et puis, n’ayons pas peur
desmots ! II faut que les africains arrivent à diffuser leurs propres
histoires dans le monde entier. Si nous ne serons pas les premiers, nous ne
serons jamais les derniers. Car l’Afrique peut écrire sa propre histoire.
AVANT LA NAISSANCE DE ELHADJ OUMAR
TALL
L’histoire conserve et unifie notre
représentation du passé collectif. Toutefois la différence de la mémoire
personnelle qui s’impose spontanément à nous, elle veut être une connaissance
du passé.
En d’autres termes cinq dynasties aux
origines ethniques auraient successivement régné au Fouta avant KolyTengella.La
dynastie de Jao ogo, Manna, Tonjon, Termes et Taga. Après le régime Dîne
Yankobé dont le chef portait le titre de Sirâtîgué (saltigué). Le premier chef
saltitigué s’appelait KolyTengellaBA.Leur dernier cheffut un Souli Boubou. Leur
règne a duré à peu prés trois siècles (1500-1700). Ce fut un régime animiste et
tyrannique. Desmouvements de résistance dirigés par Thierno Souleymane Ball,
donna le titre d’almamy à Abdoul KaderKane, premier Imam de ce régime. II
poussé trop loin son rêve d’une société musulmane ayant assis l’islamde son
foutaToro, il a essayé de l’imposer aux autres populations du Sénégal. Son
armée fut décimée par les troupes du cayor. En 1796 sa carrière allait vers sa
fin après avoir été relâché par Damel. II rentra au fouta et reprit son poste
d’Almamy mais revêtu d’un pouvoir et d’un prestige diminués. Néanmoins il avait
su pendant presque 20 ans, inspirer à traverstoute la Sénégambie et le sud de
la Mauritanie, la vision d’une société régie selon les principesde l’islam, il
demeure encore pendant 8 ans au Fouta Toro, l’artisan de l’identité collective.
Son chef d’œuvre c’était de faire vivre dans son propre pays, la longue et
mince moyenne vallée du Sénégalet le grenier à mil de toute la région, un
régime musulman strict et juste. Son intelligence, sa connaissance et son
dévouement à la fois lui permirent de faire fructifier une région et de diriger
un peuple souvent considérer comme ingouvernable.
IIs se sont battus pour le
rayonnement de l’Afrique, du Sénégal et du Fouta Toro. Le sang répandu par de
nombreux guerriers et érudits en lutte pour propager l’islam dans l’Afrique
occidentale. En fait l’Islamest une entreprise qui demandera un grand effort de
mémoire, d’intelligence et de volonté. Quand l’éruption d’évènementcesse,
l’éruption d’idée commence, quelquefoisévènements et idées sortent pèlemêle du
gouffre, de telle sorte qu’on ne sache plus si ce sont les évènements qui
amènent les idées ou les idées qui poussent les évènements.
Moment magnifique et tout amour vrai
procure nécessairement le bonheur. Thierno Saidou, le père d’Oumar et sa mère
Adama Aissé vivaient dans un bonheur parfait avec amour, confiance, soumission
et sincérité. Adama Aissé était une femme soumisse et choisie parmi toutes les
femmes de toutes natures. Elle était également une bonne pratiquante musulmane,
fidèle, obéissante à Thierno Saidou.
Face aux pires épreuves, elle digère
facilement et garde les secrets de son mari. Elle est quasi-parfaite et digne.
Thierno Saidou voulut chercher une seconde épouse et lui confiant des étrangers
et des compagnons de sa seconde épouse, Adama Aissé accueillante qu’elle est,
balaya proprement l’enclos des moutons pour céder sa chambre à la deuxième
épouse. Thierno revena de la mosquée, vit l’acte d’Adam Aissé, satisfait,
comblé de bonheur, un cœur plein de joie, il donna sa bénédiction à la mère
d’El hadj Oumar.
Thierno dit à Adama
Aissé « je suis très heureux de cet acte, je vous bénis, que la
protection de DIEU soit sur vous. Quelques mois plus tard, en plein hivernage,
Thierno Saidou était chez sa seconde épouse et envoya la mère de Oumar lui
apporter sa natte, elle apporta la natte sachant que son époux était dans la
chambre de sa coépouse et elle attendit devant la porte.Durant cette nuit la
pluie tomba sur elle jusqu’à l’aube.Son époux, sorti pour aller à la mosquée,
vit sa femme devant la porte et dit « Qu’estceque tu fais là à cette heure
ci ? »
Adama répondit : « tu
m’avais envoyée hier pour que je t’apporte la natte et je suis venu, j’ai
trouvé la porte fermée. Pour ne pas déranger je suis restée devant la porte.
Thierno dit à la mère de Oumar que
Dieu te bénisse et te donne la paix mais aussi il te offre un enfant célèbre
qui sera capable de tout faire, qui sera toujours le premier dans l’arène de la
science,sage , digne qui suivra la parole de Dieu et qui sera savant parmi les
plus éminents de la terre. Quelqu’un qui craindra Dieu au nom du caché et du
visible, qui sera populaire sur tous les plans. Le discours de Thierno était
prolixe et personnel, il raisonnait d’une façon si éloquente. Et il dit
« Toutes mes bénédictions qui devront s’accomplir se sont
accomplies », les autres, celle qui ne sont pas accomplies s’accompliront.
II y’a dans le cœur de chaque homme la faim de Dieu. Seul Dieu peut apaiser
cette faim car il est l’amour.
Thierno Saidou et Adam Aissé ont eu
dix enfants, hommes et femmes. II s’agit de Fatimata, Ibrahima, Oumkal,
Salimata, Djeynaba (Zeynabou), Cira cette dernière est décédé à bas âge.
Ensuite Tapsir,Ousmane, Alpha Amadou et
Cheikh.
Première Partie : La Naissance de ELHADJ OUMAR TALL
La mèred’Oumar a vu beaucoup de
miracles lors de la naissance de son fils. Elle a accouché Oumar sans
difficultés, mais c’était dans le calme et dans l’émotion. Et lors de cet
accouchement, elle n’a pas versé de sang ni fait couler des larmes et cela ne
l’a pas empêché de prier le « FADIAR ». Elle était complètement
propre, on entendait nulle part les cris d’Oumar. II serait né une nuit de
mardi à mercredi, veille du premier jour de Ramadan.
*Ainsi Oumar Saidou Tall est né à
Halwar, village situé à quelques dizaines de kilomètres de Podor, à une date
assez controversée : Fernand DUMONT la situe dans l’anti-Sultan entre 1794
et 1797, DELAFOSSE, MAGE, Mohammed EL HAFIZ du Caire, De LAVIGNETTE proposent 1797, alors que l’encyclopédie
de l’Islam retient 1794-1795. Notons cependant que Mohammadou Aliou Tyam, le
biographe panégyriste toucouleur d’El hadj Oumar l’anonyme de Fez et Cheikh
Oumar en personne n’abordent pas cette question. Malgré tout, de tout de nos
jours la confrontation des données fournies par les sources orales et écrites
ont fait progresser les études omariennes. A ce sujet, il est admis unanimement
qu’Oumar naquit entre 1794 et 1797, ce qui correspond à 1210et 1213 de
l’hégire, et qu’il disparut en février 1864, soit 1280 de l’hégire. El hadj
Oumar imprima à l’Islam et au soudan occidental des marques indélébiles.
Oumar naquit dans une famille de dix
enfants dont il fut le dernier-né d’où son surnom de « kodda Adama
Aissé » (le dernier né d’Adama Aissé). Son père, Thierno Saidou Tall était
un marabout appartenant comme sa mère au groupe ethnique torodo. Adama Aissé
acquit très vite le titre si envié de sokhna à cause de ses innombrables
qualités morales et spirituelles.
Déjà sa naissance le Lac
DIALLOLOL qui était auparavant salé, devient doux, sucré, buvable et clair
comme l’eau du Ruisseau. C’était le premier miracle, le deuxième miracle est
qu’au premier jour du mois de Ramadan il n’a pas accepté le sein de sa mère.
Adam Aissé s’est inquiétée pour son enfant et dit à son époux Thierno, « est
ce que notre enfant n’est pas malade ? » Depuis ce matin, et déjà le
soleil est au zénith Oumar ne veut pas téter. A l’heure de la coupure Adama
Aissé donna le sein à son enfant et qui accepta. Sa mère fut combler de bonheur
de voir son enfant téter. II en fut ainsi jusqu’à la fin du mois de Ramadan.
*Samba Dieng Professeur titulaire
Département de lettres Modernes, Faculté des lettres et sciences Humaines,
UCAD, Dakar, Spécialiste d’ELHADJ Oumar
Tous ces miracles ne sont pas
étranges chez les « waliou »(Souffi), même Abdoul Khadril Djeynani a
fait ce miracle comme montre le livre « Nouroul Absarii » Abdoul
Khadril était né à la fin du mois de Ramadan, il n’a jamais voulu téter, la
population allait s’informer auprès de sa mère est ce que Abdoul acceptait de
téter le sein de sa mère.
II y’avait aussi un grand érudit de l’Islam, c’était un arabe et qui
habitait à Singuite. II vit un jour une étoile descendre sur la terre, il l’a
suivie étape par étape, jusqu’a HALWAR. II crut que cette étoile qui venait de
descendre à Halwar c’était cheikh Oumar. II prit cheikh et l’embrassa avant de
lui serré les mains. Et l’arabe dit « j’ai suivi cette étoile, c’est pour
voir cet enfant et il retourna dans son pays et ne revint plus à Halwar.
Et un autre éminent qui vivait au Maroc précisément à FEZ, il disait à
ses compatriotes qu’un grand savant, sage et érudit de l’Islam venait de naitre
en Afrique Noire. IIsera l’un des meilleurs parmi les meilleurs. Sa science et
son dévouement à la fois lui permettront de diriger un empire très vaste.
Partout dans le monde et n’importe quel pays ou il mettra ses pieds, les
peuples le suivront.
Donc je demande à mon Dieu, il ne
faut jamais qu’il vienne ici à FEZ (Maroc). Sinon nous risquerons de le suivre.
Et Dieu exauça sa prière car Cheikh Oumar n’a jamais eu la chance d’aller à
Fez.
Seykou Oumar grandissait et un jour il accompagna un certain Wakki Alfa qui allait aux champs semer du mil
avec ses disciples. Comme il était petit encore, ils ne voulaient pas le laisser
semer. Mais voilà que l’enfant met une graine dans un trou creusé et dans le
trou suivant, il ne met de graine. On le gronde en lui dis ant « si tu sèmes de la sorte,
nous n’aurons pas beaucoup de mil ! », finalement on le chasse avec
une baguette. Mais, ô chose étonnante, il traverse le fleuve comme s’il
marchait sur la terre ferme et rejoint l’autre rive. Alfa était inquiet pour
son frère, viteil envoya un de ses disciples de faire venir le père du petit
Oumar, Seydou. Celui –ci se fait expliquer l’attitude de son fils et convoque
ce dernier.
C’est alors qu’Oumar donne le sens
de ce qu’il a fait :
II n’a pas mis de graine dans le
trou parce que si cette graine poussait, ce sont les singes qui allaient venir
sucer les tiges. « Je ne sème pas pour les singes dit-il».
Le petit Seykou leur montre un autre
trou ou il n’a pas mis de graine. II dit : « si cette graine pousse,
les vaches viendront casser la tige, qui ne produira rien. Je ne sème pas pour
les vaches,» dit-il.
Enfin, il s’arrête devant un
autre trou ou il n’a pas mis de graine et dit : « Je n’ai pas mis de
graine ici, car quand cette graine sera mûre, elle sera mélangée à d’autres
graines pour le sacrifice d’un défunt ». Les gens lui dirent :
« Oumar, sois brave, laisse cela ! ».
Thierno comprit, tout ce que Oumar
raconta et dit Oumar « ça suffit maintenant, rentrons à la maison ».
A l’âge de 5 ans, son père l’amena
pour qu’il parte étudier. Et le maitre de Oumar disa à Thierno
Saidou : « Comment peut-on enseigner à un enfant qui ne sait
même pas compter ? »
Le maitre luidemanda : tu sais
compter ?
Oumar répondit : «
Commençons à compter ! »
Le marabout dit Un (1) et deux (2) et
le petit Oumar lui demande que signifie Un (1) avant de dire deux (2). Le
marabout avoue son ignorance en
disant : « C’est une manière de compter.
Devant son maitre le petit Oumar osa
affirmer Unsignifie l’unicité de
Dieu, il est seul, il n’a pas été engendré, on l’a pas engendré.
Oumar posa la question à son
maitre : Que signifie deux ?
Le maitre ignore,
Le petit Oumar affirma : Deux postule qu’il crée tout en couple
(toute chose que Dieu crée est à l’image de Deux) : l’homme et la femme,
le jour et la nuit, le ciel et la terre, le paradis et l’enfer, le bien et le
mal, le bonheur et le malheur.
Le marabout inquiet et Oumar continua
Trois, il a fait de la synthèse la base de toute sagesse.
Quatre : Dieu oriente le monde en quatre points cardinaux :
L’Est, L’Ouest, le Nord et le Sud.
Cinq : L’Est, L’Ouest, le Nord et le Sud et le ciel au-dessus de
toutes ces choses. Et il fixe les musulmans les cinq prières quotidiennes.
Le marabout dit Six (6), et Oumar dit à son maitre, le compte se limite à partir de
Cinq.
Par exemple en additionnant cinq plus
Un, nous avons Six, Cinq plus Deux nous donnent sept, ainsi de suite.
Le Maitre prend Oumar et le ramène
chez son père. Et il dit « Thierno Saidou, prend ton fils, je ne peux pas
l’enseigner »
II se révéla également de manière
autre : un jour, tous les disciples avaient écrit sur leurs tablettes des
versets pour réciter. Pendant ce temps Oumar dormait. Ses Camarades se
plaignaient auprès du maitre. Quand ce dernier le convoqua, Oumar lui dit tout.
Un autre jour, ils allèrent chercher du bois. Oumar se mit à l’ombre
d’un arbre pour dormir. Au retour, le maitre compta les fagots de bois, celui
du petit Oumar s’y trouvait. C’est alors que le marabout ramena Oumar chez son
père, en lui disant : »J’ai donné à ton fils ce que je savais ».
Cheikh aimait beaucoup les débats d’idées avec ses camarades. Chaque se
vantait de ce que Dieu lui a donné. Les grands thèmesévoqués à leur discussion,
la conversation fut riche, brillante, contradictoire ponctuée d’immense rires
et de dialogue : l’Islam, Dieu, l’enfer, le paradis, les éminents de
l’Islam, la société, la science, la famille et le Coran.
Cheikh commença à raisonner et dit
« ma mère n’a jamais cessé de prier même le jour où elle accoucha de moi,
elle n’a pas versé du sang et ces larmes n’ont pas coulés » et ses
camardes l’ont acceptés et avouent que Cheikh avait un don de Dieu.
Plus tard, Oumar partit étudier chez un Savant à Penisanakuru. II fit
ses adieux à ses parents et alla chez le savant, devant qui il se présenta en
disant « Je suis venu chercher le savoir ». « Tu es venu à
un grand fleuve, lui dit le savant, un fleuve inépuisable »
C’est là qu’un jour il vit au loin sa
mère entrain de piler du mil à Halwar. Des chèvres s’approchaient du mortier.
II les chassa de loin. II dit cela au savant qui en fut stupéfait et le ramena
chez ses parents.
Les années passèrent, Oumar acquit beaucoup de secrets. La connaissance
on l’a cherche, mais la bénédiction on l’achète. C’est pourquoi les vœux de
santé, de bonheur, de réussite et les bénédictions qui appellent la protection
de Dieu sur notre famille et nos enfants.
A l’âge de huit ans, Cheikk Oumar mémorisa le saint Coran. Sa conscience
d’enfant a été enchantée par les récits colportés dans un milieu populaire.
* Les nombreux surnoms du Cheikh
était liés à ses multiples exploits, son père l’appelait Oumar Ibn Sa’îd TALL,
tandis que sa mère l’avait surnommé « kodda Adama » qui signifie
dernier fils d’Adama Thiam. II était le quatrièmegarçon de son père et le
huitième enfant et le dernier de sa mère.
Sous la protection de Soufi, Oumar
Tall apprit le saint Coran et entama sa formation religieuse et morale auprès
de son véritable père. Et en mêmetemps, lepère était absorbé par les
préoccupations familiales, les Wird, les zikr et autres exigences de la vie. II
s’était rendu compte par ailleurs du quotient d’intelligence élevé de son fils,
ce qui lui a valu un suivi rigoureux, depuis les études coraniques, en
dispensant à Oumar des travaux champêtres qui pourraient d’ailleurs
compromettre ses études et sa formations religieuse. C’est ce qui poussa alors
le père à le confier à un autre Cheikh du nom de Hammad THIAM, originaire de
son village natal Halwar. II se peut que Hammad Thiam soit un proche de la mère
de Cheikh Omar Adama Thiam. II peut aussi être un oncle à lui.
Originaire de son village natal, le Cheikh enseignait le Saint Coran avec sérieux
et dévouement et gagnait la sympathie des gens de Halwar, qui souhaitaient que
des chefs comme Sa’îd TALL prennent en charge la formation de leurs fils. Omar
TALL suivait ainsi avec intérêt et
persévérance les enseignements coraniques de vénéré Cheikh.
II existait à Bogué²
une famille de Sakho dont Thierno Lamine SAKHO est un des plus célèbres
érudits.
El Hadj Omar avait appris et mémorisé le Coran
dans une très courte durée et en avait dépassé toute sa génération du Fouta. II
avait appris les différentesrègles de lecture du Coran et avait maitrisé les
différents genres de lecture en vigueur. II a merveilleusement mémorisé le
saint Coran à une durée tout à fait négligeable. Ce qui constituait un rare
exploit, sinon que les enfants n’avaient jamais réalisé pareil exploit à
l’époque.
Son père Sa’îd TALL se montrait
très généreux à l’égard des maitres coraniques de son fils, et cette générosité
était bien accueillie par respect pour leur action éducative qu’il appréciait
hautement, quoique l’enseignement à l’époque fut gratuit au Fouta, au Cayor, au
Baol et au Saloum comme dans d’autres zones du Sénégal réputées pour
l’enseignement du Saint Coran.
*Dr Thierno KA AL HABIB Chercheur du
département d’Islamologie à l’IFAN, Université Cheikh Anta Diop
² Bogué : grand foyer religieux
situé dans les rives du Fleuve Sénégal, dans la partie mauritanienne.
Deuxième Partie : LA
CARRIERE CORIQUE DE ELHADJ OUMAR TALL
Oumar mémorisa le Saint
Coran et appela son père et sa mère pour leur dire : « Je veux
maintenant aller poursuivre mes études » .Et Thierno bénit son fils, qui part au loin.
« Poursuis ton
chemin, mon fils »
Que Dieu et toi marchiez du même pas
Qu’il soit avec toi.
Qu’il soit ton œil
Qu’il soit ton pied
Qu’il soit ta main
Qu’il soit ta bouche
Mon fils, une fois que Dieu
t’accompagnera, tu seras tout cela.
Tu seras l’eau qui traverse les
rochers.
Cheikh dira Amen par ce qu’il part de
loin.
Il avait trois chemins en quittant Fouta Toro. Il veut
aller au pèlerinage, visiter la Médine et demander le wirde Tidiania et aller
au BAITALL MOUGADATII. Demander le djihad (guerre sainte). Il a reçu de sa
famille une instruction religieuse solide et appris l’arabe. De longues études
coraniques et lui assurent une parfaite connaissance de l’arabe parlé et
écrit.il acquiert en même temps de
solides bases théologiques qui le rendront respecté des pulaars. Plus tard il apprit les disciplines classiques
enseignées alors au prés de nombreux
marabouts qu’il fréquenta, en Mauritanie et en Guinée.
En 1920 âgé de 23 ans alors qu’il
possédait la science requise pour une carrière maraboutique. Oumar, complète sa
formation par des voyages au prés des Maures de la confrérie de HADIRIYA au
TAGAN et à WALATA. Dans sa recherche du savoir il a séjournée au Fouta DJALLON,
à HAMDALLAYE au Médine où il rencontra pour la première fois le prophète
Mohamed(PSL) à LELOUMA au Fouta DJALLON à l’âge de 25ans. Il fut bien accueilli
par le souverain Cheikh Ahmadou. Oumar poursuivit son chemin.
En 1823, il séjourna à Sokoto au
Nigéria chez le SOUVERAIN de Mouhamadou Bello fils d’Ousmane DANFANDIO,
fondateur de l’Etat musulman 1804. II fut bien accueilli et comblé d’honneur.
Poursuivant sa route vers l’orient, des mystères l’infatigable, traversait les
savanes et les rivières, les villages et les cités portant majestueusement ses
habits immaculés. II a circulé en Egypte puis à Jérusalem et il entreprend le
pèlerinage à la Mecque pour une durée de 4 ans.
*Les écrivains ne s’accordent pas sur la durée du pèlerinage
d’Elhadj Oumar. Certains disent que ce pèlerinage a duré environ vingt (20)
ans. Pour d’autres, sa durée est estimée
dix huit (18) ans.
Delafosse affirme que
ce voyage a eu lieu de 1820 à 1838 après J.C, alors qu’il est mentionné dans
les manuscrits de FEZ (Mahmud Fâs) qu’il a eu lieu de 1820 à 1836 de l’ère
grégorienne, c'est-à-dire 16 ans.
Ce qui nous préoccupe est de montrer
dans cette étude que Cheikh Oumar TALL a
parachevé sa formation intellectuelle et soufi ,à travers le pèlerinage,en
passant par fouta toro, Fouta Bundu, Fouta jallon, Kangari, Sukuta, Kanem, Burnu, Gandu, le pays des Haoussa, Fezzan en
Lybie, Egypte et Jiddah .
Durant son pèlerinage à la Mecque,
Omar Foutiyyu avait entendu le nom de seydi Muhammad al Gali par
l’intermédiaire d’homme s généraux, bienfaiteurs et avait l’espoir de le
rencontrer
De ce contact avec les
habitants il en est tiré une plus large connaissance, des bienfaits et des
secrets durant cette période. Il prit contact avec Cheikh Muhammad al Gali
qu’il continua à suivre durant trois anseffectifs, en bon élève qu’il était en
des mains expertes .il était dévoué, exécutant toutes les t tâches au point de
susciter la satisfaction du cheikh. Il l’accompagnait nuit et jour et se vouait
entièrement à lui, allant jusqu'à ce qu’il lui permet d’accéder à tout les secrets de la confrérie et à tous
les Wirds. Il le hissaau groupe de ses fidèles les plus proches. Il le nomma
Calif de la confrérie à l’Ouest (Garb) et lui ordonna de rentrer au pays pour
une plus grande diffusion de l’Islam, selon les principes soufi de la
Dr Thierno Ka AL HABIB
Chercheur, chef du département
d’Islamologie à L’IFAN
Confrérie Tijaniya. Et cheikh Moussa
Camara nous d’écrit cette attitude en ces termes :
« Cheikh Oumar foula le sol du Hijaz et exécuta le rite du pèlerinage à la
Mecque
Après avoir terminé son Hajj, il se
dirigea vers Médine (al madina al_ mounawara) pour rendre visite au prophète
(PSL). Ainsi, il exécutason objectif et y resta à la disposition du Cheikh
Mouhammad al Gali. (que Dieu satisfait de lui ), pendant trois ans et devint
son proche serviteur. C’est à ce moment que Cheikh Mouhamad al Gali selon la
volonté de Dieu jusqu’au moment ou il atteignit son objectif, c’est adire la
relation de ses aspirations.
De ce Cheikh et de cette
attitude, Cheikh Omar allait parfaire sa formation dans les domaines réservés à
la l’élite, à ses secrets et à ses connaissances.
Après
avoir accompli son devoir de pèlerin il prit le titre d’El hadj. C’est de là
que vient le nom Elhadj Oumar TALL. II est devenu plus que Savant. Un homme de
fois profondément croyant, viscéralement attaché à la doctrine de la SUNNA
telle qu’elle a été transmise par DIEU. II s’est familiarisé avec des Noms
prestigieux telle qu’El hadj Oumar, Tapsir Oumar et Thierno Oumar. Ce
personnage de légende dont il nous donne une description dans les sources, les
récits et une tradition orale.
A vide de la connaissance des choses
et des lettres, EL HADJ OUMAR prolongera son séjour oriental en visitant la
ville Syrienne de Damas, aventure unique d’un noir de son temps.
El hadj retourna à Médine au service
d’un grand souffi du Nom de Mouhamet Ghali, disciple de Cheikh Ahmet Tidiane
auprès de qui il convoitait le secret d’un grand nom Dieu. Aussi longtemps
qu’il vécutauprès de ce Saint médinois, il effectuera humblement toutes sortes
de travaux domestiques. Un jour le PROPHETE apparut ç son maitre à qui, il
intima l’ordre de transmettre le Secret
au pélerien. C’est alors que Cheikh dit à EL hadj Oumar la révélation
suivante :
« OH Oumar, fils de SAID
(Saidou) retourne au pays de tes ancêtres pour balayer cette terre et profaner
les idoles. Des affaires de ce monde et dans celui d’au-delà seront facilités.
Pendant ces voyages, il garda un
souvenir pénétrant de sa mere dont la piété et la soumission le
marquèrentprofondément. Les Arabes lui demandèrent souvent : « El
hadj est ce que tu as laissé au fouta, quelqu’un qui est semble à ton
père ? ». II répondit : « Au Fouta, j’ai laissé
beaucoup d’hommes sembles à mon père mais je ne vois pas de femmes comparable à
ma mère ».
Adam Aissé vivait avec Thierno dans une
maison très féconde en vertus, elle est digne. Elle obéit toujours aux ordres
de Thierno, quoi qu’il puisse arriver.
El hadj est allé à NDORBOSS auprès d’Amirou IBN ABDOULAH pour
approfondir ses connaissances. II lui enseigna la charia, la grammaire, la
linguistique et d’autres disciples. Quelques années plus tard El hadj se maria
avec Fatima, la sœur de son marabout.
En 1832, El hadj entreprit de retourner vers la terre de ces ancêtres.
Au Caire où il séjourna, un groupe de savant de l’Université AL AZAR, sont
jaloux de sa prestation au cours d’une discussion scientifique. II confondra à ses
détracteurs sans exception. Un exemple nous suffirait. A l’un deux fort
malicieux, qui avait déclaré à son adresse : « O science toute
splendeur que tu sois, mon âme de dégoutera de toi quand tu t’enveloppes de
noir ». L’un d’eux lançant son adresse l’a supplia un jour raciste. Ta
science suppliant soit elle nous laisse indifférent par ceque portée par une
tête de Negre.
Posément, Oumar de
répliquer : « L’enveloppe n’a jamais amoindri la valeur du
trésor qui s’y trouve enfermé. Donc ô poète inconséquent, ne tourne plus autour
de la Kaaba, maison sacrée d’Allah, car elle enveloppée de noir.
O poèteinattentif, ne lis donc plus le Coran, car ses versets sont
écrits en noir.
Ne réponds donc à l’appel de la
prière, car le premier ton, fut donné, et sur l’ordre de Mouhammad notre modèle
par l’abyssin Bilal, donc un noir.
Hâte-toi de renoncer à la tête couverte de cheveux noirs.
N’oublie pas que c’est avec
l’irremplaçable prunelle noire que l’œil parvient à discerner.
O poète qui attends chaque jour de la
nuit noire le repos réparateur de tes forces épuisées ! Puisque tu
asrecours à des satires pour essayer de me ridiculiser, je refuse la
compétition.
Chez moi dans le Tekrour tout noirs que nous soyons,
l’art de la grossièreté n’est cultivée que par les esclaves et les
bouffons »
En un mot, sinon en mille, le
néologisme super, en tous les domaines ci-dessus recensés, peut lui être
attribué incontestablement.
De surplus avec ce vers si explicite : « Elhadj Oumar est
celui qui avait toujours refusé de mourir, qui avait su résister à la mort».
Les grands hommes, force est de le répéter objectivement, ne naissent
que quand ils meurent. C’est le cas du « Kodda Adama Aissé, Tôrodbé, aan
bouri » :
(Benjamin d’Adama Aissé, tu es la
quintessence de tous les Tôrodbé).
Troisième Partie : *El Hadj FOUTIYOU TALL, VU PAR CHEIKH
MOUSSA KAMARA DE GANGUEL
« Par la suite, c’est Moussa Ibn
Ahmed, que Dieu lui pardonne les fautes, du cœur et du corps,qui a choisi de se
mettre au service du Cheikh El Hadj Oumar-Dieu l’agrée-par la relation de
quelques uns de ses titres de gloire et de ses prodiges afin de se rapprocher
de Dieu le très Haut, espérant avoir en retour bénédictions et faveurs »
(trad. Amar ; 1970). Ces propos sont de Cheikh Moussa ibn Ahmad KAMARA de
Ganguel 1864-1945, lorsqu’il a entrepris d’écrire son ouvrage intitulé :
« La plus savoureuse des sciences et la plus agréable des informations
concernant la vie du maitre Cheikh El hadj Omar ».
Avant d’aborder l étude de notre
sujet qui s’intitule : « El hadj Oumar FoutiyouTall vu par
Cheikh Moussa Kamar de Ganguel », nous tenterons de dresser un bref aperçu
sur nos deux personnages et de les replacer dans leurs contextes historiques,
culturel, social et religieux.
S’agissant d’El hadj Oumar, diverses
dates sont proposées sur sa naissance, mais celle qui est consacrée aujourd’hui
est celle de 1797. C’est ce qui explique
d’ailleurs le sens de ce bicentenaire 1797-1998.
Si nous revenons à cheikh Moussa ibn
Ahmad Kamara, disons que les mêmes imprécisions entourent sa date de naissance,
mais celle qui est retenue est celle de 1864 à Gouriki Samba Diom. Né d’un père
respectable et considéré comme un illuminé, Hamady Duunde Kamara, originaire de
Selibaby, et de Mariama Dadde Sow, femme peule originaire du Boundu ou du ferlo
selon certaines sources. De son premier maitreThierno Malick Dieng de Gouriki,
il frequenta à la fois les foyers d’enseignement arabo-islamiques de Poolel
Jaawbe, de Seeno Paalel, de Yella, de Walalde, de Bokidiawe, de Gollere, de
Diwat mat. II fit notamment un séjour en terre maure ou il étudia auprès de
deux maitres qualifiés.
Doué d’une intelligence hors du commun, Cheikh
Moussa Kamara élargit ses horizons linguistiques, juridiques, littéraires,
scientifiques et culturels en autodidacte (cf son œuvre tabsîr al Haàif). Vers
les années 1886, il fut nommé Cheikh par le Grand Saint Cheikh Saad Bouth.
*Abdoul Malal DIOP, Assistant à
l’Ecole Normale supérieure de Dakar.
II effectua plusieurs voyages en
Guinée, au Mali, en Mauritanie ainsi qu’a l’intérieur du Sénégal.
Intéressé par l’écriture, il commença
à rédiger des livres dés l’âge de 24 ou 25 ans. II a rédigé environ une
cinquantaine d’ouvrages dans des domaines aussi sensibles, riches que variés.
L’un de ses ouvrages compte jusqu’à
1.800 feuilles environ.
II possède des œuvres en histoire, en
jurisprudence, en religion, en littérature, en sociologie, en ethnologie, en
science, en grammaire etc.
Si nous revenons aux contextes
précédemment cités, disons qu’El Hadj Oumar est né au fouta Occidental, dans le
fouta toro, localité dans laquelle existaient à l’époque, différents courants
religieux-cultures, social et politique. Le Fouta était à sa naissance un état
théocratique ou l’avènement de l’almamiat, c’est-à-dire la Révolution Torodo
n’avait encore que vingt ans environ. Cette révolution est comme nous nous le
savons le résultat de plusieurs décennies de fermentation d’idées religieuses,
animées par les échanges de maitres et d’étudiants entre la Mauritanie, la
Vallée du Sénégal, le Soudan, la Guinée, le Kajoor etc.
Sur les plans culturel et social, c’était donc l’extinction de la
dynastie païenne des peuls deniyankés, l’instauration de l’almamiat très
inspiré après tout des mœurs et costumes du Fouta Toro. Comprenons par là que
bien que l’almamiat ait instauré un état islamique, les populations
pratiquaient un islam, qui n’est à vrai dire qu’un alliage entre l’application
de l’islam pur et dur inspiré du Saint Coran et de la sunna, et un libertinage
caractérisé. (cf, le comportement des héros du Fouta tels qu’Ali Sidi de Mbolo,
de Mokhtar kudeeje à l’égard d’Almamy Abdoul Kader).
La société était dirigée, de fait, par ceux qu’on appelle les
« nama Kala » véritables agents de renseignements, viveurs sans
soucis, laudateurs et coureurs infatigables après les intérêts matériels. IIs
jouaient un rôle déterminant dans la nomination et la révocation des chefs
religieux. Accusé d’avarice par ces Nama Kala, l’almamy Moustapha de Hooréfondé
fut révoqué par ce que l’année de sa nomination n’a pas connu les grandes
crues. Conclusion, il était donc guignard.
L’autre courant historique et culturel qui a marqué la vie du Cheikh El
Hadj Oumar fut aussi ses relations avec ses maitres spirituels et en
particulier avec le Cheikh Mohammed al Gâli ainsi que son séjour au Hijâz.
Investi calife de la Tijâniyya, le Cheikh El Hadj Oumar devrait créer
une école de vie dans un Fouta dirigé par un almamy, et où brillaient de mille
feux des foyers d’enseignements arabo-islamiques et l’ordre Qâdiriyya. II
devrait également trouver un moyen d’asseoir et de diffuser la
Tijâniyya dans un fouta où de Saint Louis l’administration coloniale commençait
à réaliser son plan d’occupation systématique. N’est-ce pas d’ailleurs la cause
fondamentale du déplacement de l’axe de son combat ?
Quels que soient les mobiles qui ont sous-tendu son émigration, le
Cheikh El hadj Oumar reste encore la personnalité noire qui a le plus marqué
l’histoire de l’Islam dans le continent noir.
Les sources concordantes s’accordent à dire qu’il a disparu dans les
falaises de Bandiagara en 1864. Que ceci soit un hasard ou une coïncidence,
Cheikh Moussa ibn Ahmad Kamara lui, naquit à Goudiki Samba Diom à cette date.
Un certain parallélisme nous fait d’ailleurs voir que Cheikh Moussa est
né l’année de la disparition d’El Hadj Oumar :
Ø El hadj Oumar est originaire
du Fouta Occidental, non loin du fleuve Sénégal, alors que Cheikh Moussa est
origine du Fouta oriental, Gouriki Samba, village sis sur le fleuve Sénégal
aussi.
Ø Cheikh est né d’un siècle
environ après la révolution Torodo. El Hadj Oumar a été l’un des acteurs de
l’histoire religieuse du siècle au Fouta alors que Cheikh Moussa fut un
spectacle du résultat des événements.
Ø Cheikh Moussa Kamara a vécu
directement les effets qui ont suivi la fin de la sainte menée par Cheikh
Oumar.
Parmi ces effets il faut
citer le retour des Fergankoobé (cf David Robinson 1987), les troubles agraires
au Fouta, l’insécurité, la famine, le dépeuplement etc.
II
faut mentionner également le traumatisme et le stress nés de la colonisation
française qui a fini par occuper tout le Fouta vers 1891. Cheikh Moussa était
âgé de vingt ans.
Ø Cheikh Moussa a vécu la
situation anarchique et la tyrannie des chefs de canton ainsi que la féodalité
dans une société, pour le moins qu’on puisse dire, sur l’irréalisme et
l’injustice
Ø Sur le plan purement
religieux, ce fut l’époque des querelles confrériques entre les adeptes de la
Tijâniyya et la Qâdiriyya, d’une part.
Après avoir présenté nos deux
personnages et brossé les paysages politiques, culturels, sociaux et religieux
du Fouta Toro, posons-nous la question de savoir quelle est l’image que Cheikh
El Hadj Oumar a imprimée dans la mémoire du jeune Moussa Kamara ? Pour
clarifier cette image, il est sans doute nécessaire de faire parler les morts à
travers à travers le précieux patrimoine écrit, laissé à l’humanité par ces
derniers. Ces œuvres restent les témoins les plus fideles et les plus sûrs pour
établir des relations entre la vie du Cheikh El hadj Omar et celle de Cheikh
Moussa Kamara.
II n’existe, pas parmi
les écrits de Cheikh Moussa, une œuvre qui soit consacrée à ce sujet, mais en
les lisant on peut retrouver, en filigrane, l’image que Cheikh Moussa s’est
faite du Vénérable Cheikh El HADJ Oumar.
L’ouvrage qui sans conteste le
passage obligé pour cette étude est : « La plus savoureuse des
sciences, et la plus agréable des informations concernant la vie du Maitre,
Cheikh Oumar »(trad. Du professeur Amar Samb, BIFAN, série
B,4°,1,2,3 ; 1970). On peut retrouver notamment des renseignements sur El
Hadj Oumar dans les œuvres de Cheikh Moussa telles que :
1.
Zuhûr al Basâtîn fî ta rîkh as Sawâdîn
2.
“al haqq al-Mubî fi uhuwwa jamî’I
al-Mu’minin wa ittihad turuq sâ^ir as sâ irîn bi trîq a addahikr wa l Mujâhada
ilâ Hadarat Rabbi al-Älamin”
“La
vérité éclatante dans la fraternité entre tous les croyants et l’unité des
voies de tous les aspirants par l’invocation et l’effort vers l’enceinte du
seigneur des Mondes (trad. De Moustapha Ndiaye BIFAN, t41, Série B, 1979,
p.196)
Nous terminons cette partie
en disant que Cheikh Moussa KAMARA a été profondément marqué par le Cheikh El
hadj Oumar, et il ne serait pas aventureux de postuler que c’est une forte
présence spirituelle du Cheikh El hadj Omar dans l’esprit du jeune Moussa qui
l’a conduit à vouloir s’identifier à lui.
Cheikh Moussa est un grand
admirateur de Cheikh El Hadj Oumar. Dans plusieurs passages de son livre sur la
vie de El Hadj Oumar, il se plaît à relever des citations dans lesquelles on
mentionne son courage, son honnêteté, sa sainteté, son instruction etc. C’est
dans cet esprit que Cheikh Moussa écrit : » et en conclusion, on
évoquera les marques de supériorité du Cheikh El Hadj Oumar. Que Dieu le très
haut l’agrée en tant que Pole suprême et source de secours pour les gens du
Fouta Toro pour avoir vengé et réparé les torts qu’ils (les gens du fouta)
avaient subi de leurs ennemis Masala ».
Cheikh Moussa Kamara nous dit encore
en racontant un des prodiges du Cheikh Oumar lorsqu’un certain Kûra le détourna
du lieu de passage d‘un fleuve avec son armée : « El Hadj Oumar passa
deux nuits, à chercher un endroit guéable du fleuve sans succès, il demanda à
son armée de couper les arbres pour construire un pont sur le fleuve. Cela fut
fait mais sans succès encore. Mais lorsque les troupes se mirent à souffrir de
la faim, ne mangeant que des feuilles d’arbres, au matin du 3 éme jour, il cria
à l’armée, en spécifiant bien son nom : ( je suis Oumar, je traverse
aujourd’hui, si Dieu le veut, puisque vous, vous êtes incapables de construire
un pont avec des arbres et du sable !). II dit à l’armée de marcher, on
s’enfonça dans l’eau, et c’est comme si le fleuve était sec depuis deux ans.
Toute la troupe traversa (Amar Samb ; Bull IFAN, t 32, 1970).
Cheikh est convaincu du pouvoir
mystique que Dieu a accordé au Cheikh El Hadj Oumar. II émet de temps à autre
des idées critiques concernant certains faits mais cela ne fait point douter de
sa sincérité et de sa croyance en la sainteté du Cheikh El Hadj Oumar. Toujours
dans le cadre des prodiges du El Hadj Oumar et dans le même ouvrage, Cheikh
Moussa dit : « Après la traversée du fleuve, le Cheikh ordonna de lui
apporter quarante mesures de sa prélevée sur ses provisions, ce qui fut
fait ; il partagea entre toutes les troupes qui comprenaient mille cent
hommes hommes, et à chacun il devait donner l’équivalent d’une poigné et chacun
après avoir mangé sa part se trouvait
bien repu ».
Un autre prodige qui n’est pas moins
intéressant que les autres est le suivant : « le Cheikh ( El
Hadj Oumar) ordonna à ses gens de sortir par la porte de son serviteur
Abdallahi Ali. On lui répondit qu’il y’avait le feu et que pourtant c’était la
seule issue. (Passez par-là, leur recommanda le Cheikh. Vous ne serez pas brulé
s’il plait à Dieu). IIs obéirent en passant à travers les flammes sans que
personne n’ait à se plaindre de quoi que ce fut et encore moins aucune
brûlure ». Cheikh Moussa Kamara est l’un des chercheurs qui maitrise bien
les péripéties et l’histoire de la vie de Cheikh El Hadj Oumar et ne se lasse pas de mettre en
exergue sa qualité et son mérite. Ecoutons ces éloges du savant Wadi-Allah de
Macina, disciple du Cheikh El Hadj Oumar rapportées par Cheikh Moussa.
1- « Est –ce le fantôme de
Salma ou bien celui d’Ummaya qui chasse de mes yeux le sommeil et qui lui a
fait passer une nuit semblables à celle d’un torturé
2- « Ce n’est ni l’un, ni
l’autre, mais bien le souvenir du pole spirituel, le directeur qui guide le
perplexe hésitant »
3- « c’est le souvenir d’un
maitre, qui a un idéal élevé et dont les
opinions sont trop sublime pour descendre au rang d’un vil idéal »
Plus loin, le même auteur
écrit : « or ça, ô Cheikh, Calife désigné pour les hommes par Dieu, ô
bonheur des humains et ô fils de Saïd » .
Il dit enfin : 1.
« O maitre du temps ! O refuge ! O notre maitre ! O Ami de
Dieu ! O Oumar !
1. « O visage du bonheur ! O Félicité des Hommes
2. O lumière du siècle ! O
sabre de Dieu ! O lune !( Traduction de Amar Samb, Bull IFAN, t 32
1970).
Cependant
malgré l’amour, l’estime et la confiance que Cheikh Moussa Nourrissait à
l’égard du Cheikh El Hadj Oumar, il n’hésitait pas à faire souvent usage de son
esprit critique pour restaurer le droit de la raison contre la crédibilité
injustifiée des fanatiques. Ces objections peuvent faire penser que Cheikh
Moussa Kamara s’oppose aux faveurs, que Dieu a accordées au Cheikh El Hadj
Oumar ou sous estimer ses qualités. Ces idées paraissent choquantes si l’on
considère la grandeur du Cheikh Oumar, mais elles possèdent quand même leur
valeur. Comme tout homme de sciences, Cheikh Moussa aime la comparaison,
l’opposition, la confrontation, bref il n’aiment pas les zones d’ombre et les
affirmations gratuites. Cette attitude apparaît dans plusieurs passages de ses
ouvrages.
Nous retrouvons encore un autre
passage dans son œuvre « al-haqq-al-mubî », pp. 24-25, où Cheikh El
hadj en disant que celui –ci a juré que
son arrivé devancer au « trone Divin » les gens des sept cieux et les
sept terres et qu’aucun infidèle, ni hypocrite, ni personne parmi les musulmans
ne saurait la détruire jusqu'à sa rencontre avec l’Imam Muhammad al-Mahdi. II
est besoin ici de rappeler que Cheikh Moussa a montré que toutes les échéances
fixées pour l’arriver de ce mahdi son passées il n’est apparu. Il cite la fin
du 13e siècle qui était la date retenue pour cette événement alors
qui maintenant nous sommes au 14e siècle (1344) de l’hégire.
Cheikh Moussa émet donc un
sérieux doute sur la véracité de l’apparition du Mahdi. Il justifie la parole
de El hadj Oumar par la ferme croyance, la sincérité que se denier nourrit pour
son Cheikh Muhammad al-Gahli.
Nous avons pu avoir à travers l’œuvre du
Cheikh EL Hadj Oumar : « Ar- Rimâh » que le Cheikh Muhammad al
Ghâli attendait l’apparition du Mahdi pour lui donner le Wird Tijjâni. Après avoir présenté quelques
objections de Cheikh Moussa KAMARA sur le Cheikh EL Hadj Oumar, abordons
maintenant les deux épineuses questions des confréries religieuses et des Jihad
Nous sommes les fils de Dieux et ses
amis. Il leur comme blâme la parole du
très Haut : « Certes, ceux qui
ne croient pas a l’au-delà nomment les anges d’un nom féminin » Cheikh
Moussa va plus loin dans la présition des causes qui l’ont conduit à rédiger cette
œuvre en disant « C’est pourquoi j’ai composé cet ouvrage uniquement pou
soutenir la vérité et réfuter le mensonge ; et ce, après avoir attendu
pendant plusieurs années. Mais l’affaire devenait de plus en plus grave, je me
résolus à leurs adresser une réponse satisfaisante et suffisante s’il plaît à
Dieux Très Haut »
Si nous analysons l’introduction nous nous rendons compte que l’ouvrage n’a
pas été rédigé pour combattre la Tijjânyya, ni une autre confrérie et encore
moins le Cheikh EL hadj Oumar. L’œuvre n’est pas plus une apologie de la
Qâdiriyya. C’est plutôt un rappel à l’ordre des ignorants et des fanatiques
pour leur dire qu’entre les confréries, il n’existe pas des rapports de
supériorité ou d’infériorité. Elles ne sont ni antinomiques ni contradictoire,
mais au contraire, elles sont là pour enrichir la pratique du culte. Toutes les
confréries convergentes vers Dieu, c’est la diversité dans l’unité. Cette idée
rappelle celle du Coran ou Dieu Le Très Haut dit : « ô hommes !
Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle … connaissez. Le plus noble
d’entre vous auprès d’Allah, est le plus pieux Allah est certes Omniscient et
Grant Connaisseur » (Coran : S 49; V13).
Selon Cheikh Moussa, pour
être un bon croyant, on n’est pas tenu d’appartenir à telle ou telle confrérie religieuse, et encore moins
d’effectuer des comparaisons ou des oppositions dans le dessein de déduire que
celle-ci est meilleure que l’autre. C’est une question de croyance, sinon aucun
croyant ne peut réciter des litanies plus chères à Dieu le plus Haut que la
lecture du Saint Coran. En matière de foi, ces positions ne conduisent jamais à
la vérité, à l’unité et la fraternité des croyants. C’est certainement de
semblables idées qui ont fait penser à
certains que Cheikh Moussa est un détracteur de la Tijjânyya par conséquent,
d’EL Hadj Omar étant donné qu’il incarne cette confrérie en Afrique Noire.
Toutes les Voies mystiques pour Cheikh Moussa convergent et vont vers le
Seigneur des Mondes.
Examinons maintenant le plan suivi par l’auteur et
essayons d’effectuer une comparaison entre les thèses de Cheikh Moussa et celle
posées par la Tijjânyya.
L’auteur dit : « je l’ai disposé (al-haqq
al-mubîn) en une introduction, des chapitre, des sous-chapitres et une
conclusion.
L’introduction
porte sur le fait que l’on ne saurait être catégorique sur la véracité de
personne, à l’exclusion de Dieu et de son Prophète et puis un chapitre sur la
permission de pratiquer plusieurs Wirds et d’avoir plusieurs maîtres spirituels
etc., un chapitre sur les mystiques qui avaient plusieurs Wirds et la
permission de changer de confrérie comme
d’école juridique. Un sous-chapitre, sur la règle de ne pas considérer les «awliyâ » (amis
de Dieu) supérieurs les uns aux autres en se fondant sur l’opinion et sous
l’emprise de la passion, etc., un sous chapitre sur la non supériorité des
Wirds attribués aux maîtres spirituel ; puis un sous chapitre sur le fait
que le nombre élevé de compagnons et de disciples n’est pas un signe de
bien : puis un sous chapitre sur la non gravité de l’utilisation du tabac
à cause de la divergence à son sujet, puis un sous chapitre : il n’est
permis de critiquer que les choses sur la quelles il n’ya pas conservus.
Puis un chapitre sur la visite que certains adeptes de la
Tijjânyyâ considèrent comme rupture.
Enfin une conclusion sur
l’unité des confréries menant vers Dieu « Le Très Haut » (trad. De M
Moustapha NDIAYE. Idem.).
Nous avons omis
volontairement quelques sous chapitres qui n’ont pas de rapport direct avec les
idées que nous voulons développer
Pour jeter une lumière sur la différence
des thèses de Cheikh Moussa sur les confréries religieuses et celle de la
Tijjânyya rappelons brièvement quelques unes de cette dernière
1°/ Ne chercher la
bénédiction d’aucune Saint que sont Cheikh Tijjân, les Prophètes de Dieu et
tout les compagnons de Mohammed
2°/ Ne pratiquer aucun
n’autre Wirds.
3°/ Faire son wird jusqu'à la
mort, une fois qu’on l’a commencé (A.
Marone,,B IFAN ,t 32,1970 ;p 145).
Les thèses évoquée dans la présentation
de l’ouvrage de Cheikh Moussa, « al-Haqq al-Mubîn » montrent qu’il
existe une différence fondamentale entrer dans les détails, disons que Cheikh
Moussa exige le respect des visites pieuses aux autre, ou de leur offrir des cadeaux.
Ses propos sur Thierno Bokar Alpha de Horé Fondé et de Thierno Tafsirou Balla
de Mogo dans « al Haqq
al-Mubîn » sont édifiant sur ce point.
-
Il a par ailleurs prouvé que le wird, et en particulier celui
De
la Tijjânyya, n’est pas limitatif. Il a cité dans le même
Ouvrage
des exemples qu’illustre cette idée
Il a également montré que
l’on pouvait changer de confrérie comme on peut changer de maitre. Cheikh
moussa, contrairement a ce que certains pensent n’est pas adversaire de la
Tijjânyya ni de ses maîtres. Il ne saurait l’être car il est lui-même Moqaddam
dans cet ordre. Il a cependant tiré la sonnette d’alarme pour inviter les
musulmans a renforcer les liens qui les unissent. Le dernier thème qui a
également fait couler beaucoup d’encre est celui de la guerre sainte
« jihâd ». la position de cheikh moussa Kamara est sans équivoque sur
cette question, elle se trouve résumée dans son œuvre
intitulée : « Akhâr al Raghibin fi al-Jihâd bad Nabiyyina man
yakhtar al-Zuhûra wa mulk min al-ibâd » (la plupart de ceux qui ont fait
la guerre sainte après notre prophète ne font que de l’obtention et ne s’occupe pas des gens qui meurent
dans la guerre sainte (IFAN CAD ; cahier15) . la guerre sainte,
pendant et après le cheikh El Hadj Omar a été au centre des préoccupations des
autorités coloniales françaises, au point que certains se sont posés la
question de savoir s’il n‘ y a pas eu une main secrète française dans la rédaction de l’ouvrage de cheikh Moussa
KAMARA. qu’en est-il véritablement ?
Au terme de cette brève étude,
nous avons pu faire état de la vie culturelle, géographique, sociale et
religieuse du Fouta Toro.
Nous retiendrons que malgré
l’ancienneté de son implantation (11eme _
12eme siècle), L’islam Futanké renfermait une forte
impression des coutumes du Fouta au temps d’EL Hadj Oumar et pendant la
jeunesse de Cheikh Moussa Kamara.
Dans un deuxième temps, nous
avons démontré que Cheikh EL hadj Oumar.
Plusieurs passages de ses ouvrages prouvent qu’il voue un respect
sacro-saint au Cheikh EL Hadj et reconnait ses mérites et sa sincérité.
Nous avons pu également remarquer que
cette admiration qu’il a pour le Cheikh EL Hadj Oumar n’a pas émoussé sa
vigilance ni ébranlé sa conviction
Les thèses de Cheikh Moussa sur
confréries mystiques différent, on peut le dire, fondamentalement de celles prônées par certaines autorités de
la Tijjânyya.
L’ouvrage de Cheikh
Moussa Kamara « Akhtâr-ar-Râghibîn » montre qu’il ne s’oppose
pas aux fondements juridiques du Jihad d’EL Hadj Oumar mais condamne bien les
malheurs qu’il a causé
Dans cette étude, nous avons essayé également de prouver
que Cheikh Moussa Kamara n’était pas un
détracteur du Cheikh EL Hadj Oumar, quand bien même il a développé des idées différentes de
celles de son maître spirituel. Nous pensons aussi que l’œcuménisme de Cheikh
Moussa et son amour pour les français méritent d’être soulignés.
Jugé au tribunal l’histoire, disons que Cheikh Moussa
était un visionnaire. Les risques de destruction, de dégâts et de perte en vies
humaines dont il avait peur si les
marabouts guerriers s’attaquaient aux autorités coloniales français ne sont plus à démontrer, démontrer, tandis
que les dérapages et le fanatisme de certains adeptes de confréries religieuses
ne font pas non plus honneur au musulmans.
Même si les thèses développées par Cheikh Moussa Kamara,
par leur délicatesse blessent
l’innocence, il faut lui reconnaître le mérite et le courage d’avoir
fait de la réflexion sa philosophie.
Dieu Le Très Haut n’a-t-il
pas dit dans le coran
« Réfléchissez donc, ô
vous qui êtes doués de clairvoyance » (Coran ; s 19, v2).
Quatrième Partie : EL Hadj Oumar TALL, UN PIONNIER DE
L’UNIFICATION AFRICAINE, Par Sékéné Mody CiSSOKO*
Le Problème de l’unification dans l’histoire Africaine
Le drame de l’Afrique d’aujourd’hui est
son extrême morcellement en plus de quarante pays indépendants et souverains,
en proie au sous- développement économique et de plus en plus dépendants de la
Mondialisation. Les pionniers de L’Indépendance ont prévu cette situation
malheureuse, et certains s’étaient âprement battus pour constituer des Etats
unitaires ou fédéralistes. On peut citer, en Afrique de l’Ouest, au début des indépendances les cas de Ghana – Guinée,
de la fédération du Mali (Sénégal + Soudan) du conseil de l’Entente.
Malheureusement les résultats furent des échecs aujourd’hui amèrement
regrettés.
L’histoire ouest africaine n’est pas cependant celle du
morcellement. A travers son évolution deux fois millénaire, l’Ouest africain a
connu des Etats puissants qui ont réalisé l’unité de la majeure partie des pays
et des peuples aussi bien dans la zone soudanaise que côtière. Les plus connus
sont des empires médiévaux qui se sont pratiquement succédés des siècles dans
la même zone : l’empire de Ghana (III – XIe siècle), celui du Mali (XIIIe-
XVe siècle), celui des Songhay (XVème siècle), les royaumes mossi, des Etats
Haoussa, Achanti, Bénin ne citer que ceux-là.
Le XVIIIéme siècle vit la rupture de cette évolution
unitaire. En effet, l’invasion marocaine à la fin du XVI siècle, le
développement du commerce atlantique avec la traite négriere précipitèrent le
morcellement politique, la naissance de nombreux royaumes guerriers eurent pour
conséquences, l’insécurité et le sous-développement généralisé aux XVIIème et
XVIIIème siècle.
Certes au
XVIII siècle, certains peuples guerriers comme les Bambaras de Ségou et du
Karta ont pu consolider leurs pouvoirs fondés sur la guerre et l’esclavage. IIs
ont unité les pays environnants mais n’ont pas été en mesure de former un Etat
unitaire Bambara. Les Etats Foutanké (Fouta jalon, Fouta Toro) étaient
musulmans et n’ont pas été expansionnistes d’un Jihâd Ouest africain.
*Sékéné Mody CISSO,
Professeur Titulaire, Historien, pionnier de l’historiographie africaine,
Directeur de l’Ecole Privée Cheikh Anta DiOP, Bamako (Mali).
Le grand mouvement d’unification de dimension
interrégional tel que le rêvaient les nationalistes pionniers de l’indépendance
et nous même, fut réalisé au milieu du XIXème siècle par El Hadj Oumar Tall,
enfant du Fouta Toro dans l’extrême ouest de L’Afrique.
El HADJ OMAR TALL, UN PIONNER DE L’INDEPENDANCE AFRICAINE
L’œuvre d’El Hadj Omar a attiré de tous les chercheurs
sur l’histoire de l’Afrique. De nombreux travaux ont aujourd’hui éclairé cette
étape importante de notre évolution. Notre objectif n’est pas de la retracer,
mais de réfléchir sur un aspect particulier, celui de son unification d’une
grande partie de l’Ouest africain. El Hadj Omar peut être considérer comme un
pionnier d’un certain panafricanisme. De
son enfance à sa disparition, il refléta aujourd’hui autant revendiqué par le
Sénégal, que par le Mali qui le considère comme un des grands hommes. II dort
éternellement à Déguembéré dans les falaises dogon de Bandiagara.
EL HADJ OMAR, UNIFICATEUR D’UNE PARTIE DE L’OUEST AFRICAIN
Au moment ou disparaissait le Khalife tidjâ, un vaste
empire était fondé allant de Diguiraye en République de Guinée, au sud de la
Mauritanie, et couvrant une large partie du Mali. Autrement dit, les quatre
Républiques contemporaines, la Guinée, le Sénégal, le Mali, la Mauritanie
virent amorce d’unification par El hadj Oumar qui devint un acteur de leur
histoire nationale.
L’empire Omarien comprenait au sud ouest une partie de la
Guinée actuelle, c'est-à-dire les pays poulo-malinké de Dinguiraye, du Ménien,
tout le Mali méridional spécialement le grand Bambouk, le Gangara, le Birgo
jusqu'au Mandingue de Siguiri. Vers l’Ouest le Boundou, une grande partie de Gadiaga,
(Kaméra) et du Fouta Toro en lutte contre la domination française. Du côté
mauritanien, une partie du Guidimakha et des pays soninké et berbères passa
sous contrôle foutaké. La majeure partie au Mali actuel, situé entre le Sénégal
et le Niger, entre le Sahel et les pays sénoufo, la vallée du Niger jusqu'à
Tombouctou fut le noyau véritable de
l’Empire toucouleur d’El Hadj Omar. Son fils et successeur Ahmadou régnera
ainsi sur le territoire que la conquête coloniale lui arrachera par morceaux
jusqu’en 1890.
L’objectif de l’intégration de la Région se voit aussi
dans la politique de brassage des peuples par EL Hadj Oumar pour consolider son
empire.
Le cas le plus frappant est
l’immigration des peuples de l’Ouest vers l’Est, le Kaarta et la Vallée du Niger.
El Hadj Omar encouragea par tous les moyens le fergo des Foutakés dans le
Kaarta, bouleversant ainsi le peuplement de cette zone où Peuls, Foutanké,
Soninké allaient se côtoyer et se mélanger jusqu'à nos jours. Les grandes
villes comme Koniakary, Nioro du Sahel témoignent encore de ce brassage. Ainsi
entre le Mali et le Sénégal la frontière est politique, et non ethnique et
culturelle. II est régratable que les fondateurs de la fédération du Mali en
1960 n’aient pu exploiter cette situation. D’autres peuples tels des Haoussa
lointains, talibés venus avec El Hadj Oumar, les peuls du Fouta Jalon, du
Boundou, des malinké du Bambouk, des Soniké de l’Ouest ont encore leurs
descendants installés dans les régions de Ségou, du Massina, et même de
Bandiagara par le fait Omarien.
Ahmadou et son cousin Tijâni
eurent à gérer cette situation de mutations qui avait ses avantages et ses
contractions. L’objectif Omarien était en toute la création d’un Etat
théocratique avec un vaste territoire, avec des peuples qui devaient constituer
une nouvelle communauté assise sur l’Islam tidjâne.
C’est pourquoi, il organisa des Etats théocratiques au
fur et à mesure du Jihâd. II mit fin au morcellement politique de la zone par
l’installation d’un Etat unitaire ayant un seul chef et une organisation solide
et centralisée. Le Cheikh est le représentant de Dieu et doit gouverner tous
les pays musulmans selon les lois de l’Islam. Tout le monde devait obéir à ses
ordres et le salut du fidèle devait se réaliser par son intermédiaire. Du
reste, la sainteté d’Omar était connue de tous et les miracles qu’il a réalisés
lui assuraient un dévouement total.
En conclusion, l’œuvre Omarienne d’unification d’une
grande partie de l’Ouest africain n’a pu durer dans le temps. La nature
religieuse de l’objectif, l’emploi de la violence comme moyen, la
désorientation du Jihâd en instrument de domination foutaké sont, entres
autres, causes de l’échec. Omar a cependant mis fin au morcellement politique
de la Région, réveillé de leur immobilisme séculaire, nombre de peuples qui
allaient désormais s’interpénétrer pour une véritable unité qui est aujourd’hui
l’objectif de nos Etats. EL Hadj Omar est un héros national de l’histoire du
Mali comme du Sénégal, de la Mauritanie et de la Guinnée. II fut un grand homme
de l’histoire africaine.
CONCLUSION
Initié au Titianisme, il fut nommé Khalife
générale de la confrérie Tidiane de l’Afrique occidentale. Revenu dans son
Fouta natal, il sentit alors le devoir de répandre l’Islam et arrêter la
colonisation. Le pouvoir, la richesse et la sagesse c’est Dieu qui le donne et
Il le donne à qui Il veut. Tandis que l’erreur est l’affaire de satan. Et les
méchants, c’est satan qui les trompe. Par une intelligence tactique, il était maître
absolu, avec une mission de vaincre ou de guérir. Il visait l’intégration de
l’Afrique. Voilà un guide spirituelle infatigable.
Celui
qui brisa 360 idoles au Mali pendant sa fulgurante carrière et qui gagne 222
batailles aux dépends de ses ennemis, Celui qui traversa des dizaines de Pays
en quête de science, qui écrit une dizaine de livres pour enseigner des
connaissances, celui qui vit le prophète Mohamed (PSL) à l’âge de 25 ans, celui
qui posséder le plus grand don de Dieu. Celui qui a reçu l’autorisation
spéciale de déclencher la guerre sainte, ne perdit jamais la dignité et la
lucidité face aux pires épreuves. L’Homme s’en alla avec ses mystères mais la
mémoire se perpétua à travers les siècles. Il pouvait rester longtemps sans
manger ni boire. Sa voix était douce et résonnait aussi bien de loin que de
prés. Il n’a jamais excessivement ri, ni pleuré. Sa colère était rare, son
visage était calme, souriant en toutes circonstances. Il écrit son livre Rimah
en 1844 avec un nombre total de 55 chapitres. Ce livre reste le principal
ouvrage mystique de l’Afrique Musulmane. Il y expose la théorie de la
connaissance de Dieu et y réglemente la codification des prières du chapelet,
des récitations de Coran, les attitudes corporelles, les tenues vestimentaires
etc.
Sa formation, son long voyage, ses guerres et sa
succession datent de Naissances avancées par les historiens et les signes
miraculeux qui ont entouré cette Naissance magnifique.
Ses batailles (222
fois)
Les batailles d’El Hadj Oumar sous le commandement
d’ALPHA OUMAR Thierno BAYLA de Kanel s’étalent sur une période de douze ans (12
ans). Il débuta la guerre sainte (Djihad) en 1852 avec ses fidèles compagnons.
Ses talibés (adeptes) sont au nombre de 30000. Ces hommes braves qui ont démoli
la ville de Tamba, en même temps pour Madina Khasso 1853, Ndouga Sambala fut
vaincu en 1854. Nioro et plus Diafouna, Kaata Kougna Kari Diaguerde tombèrent
en 1855. Ces batailles continuèrent et fut au tour de Sabou Siré, Margoula
Goundaga, jusqu’à Mayo où il rencontra Paul Holle, qu’il informa que général
Faidherbe avait pris possession de Matam. C’est alors que Cheikh Oumar écrivit
au général Faidherbe, l’invitant à quitter la ville et il continua ses
batailles.
Les
chiffres autour du Cheikh
Ses voyages (18 ans)
Pèlerinage à la Mecque 3 fois
UMRAS (petits pèlerinage) 3
fois
Connaissances apprises (1037)
Connaissances mémorisées
(313)
Talibés adeptes sont au
nombre de 30.000 hommes
Ses écrits sont au nombre
(66)
Ses macérations ( khalwa)
sont au nombre de (66)
Ses prières du matin et du
soir (74) par jour
Ses Frères et Sœurs de même
père et de même mère (10) et il est le cadet de sa mère.
SOURCES
Samba Dieng, Professeur
titulaire. Département de Lettres Modernes, Faculté des Lettres et sciences
Humaines. Spécialiste de El Hadj Oumar.
Professeur Thierno KA AL
HABIB, Chercheur du département d’Islamologie à L’IFAN.
Oumar BA, Doyen des
chercheurs du tiers Monde. Chargé d’étudier la France, Nouakchott (Mauritanie)
Daly Ismaila Dia (tradion
orale), fervente disciple de Cheikh Ah met Tidiani Cherif
Ouztass TALL, Professeur
d’Arabe.
BIOGRAPHIE
FERNAND DUMONT,
L’Anti-Sultant ou El Hadj Omar Tall du Fouta combattant de la foi. Dakar, NEA,
1971.
DELAFOSSE, Maurice. Haut
Sénégal-Niger. Paris, Larosse, 1912 (3 vol)
SAINT MARTIN, Yves, L’empire
toucouleur 1848-1897. Paris : le livre africain, 1970.
Amadou Hampaté Ba, L’empire
peul du Macina. Paris, LA Haye, 1962.
ROBINSON, David. La guerre
sainte d’AL HAJJ UMAR. Le Soudan occidental au milieu du XIXe siècle. Paris,
Karthala, 1988