jueves, 3 de mayo de 2012

L'ENFANCE DE EL HADJI OUMAR TALL


LES CARACTERISTIQUES

                       TABLE DES MATIERES

AvantPropos     {1}                                                                                                                             
Avant la Naissance de EL HADJi OUMAR TALL  {2}                                                     
Première Partie : La naissance d’El Hadj Oumar Tall   { 3}                                                         
Deuxième Partie : La carrière Coranique de El Hadj Oumar Tall  {12}                           
Troisième Partie : El Hadj Oumar, Vu par Cheikh Moussa Camara  {18}
Quatrième Partie: EL Hadj Omar Tall, Pionnier de l’unification africaine, Par Sékéné Mody Cissoko {30}                          
Conclusion    {35}
Sources         {37}
Biographie    {38}
escrivain  Saidou   dia 
                 Houdou dia



Avant-propos
L’histoire s’apparente à une mémoire. Elle conserve et unifie notre représentation du passé collectif. Toutefois à la différence de la mémoire personnelle qui s’impose spontanément à nous, elle veut être une connaissance du passé. Il y’a donc lieu de distinguer ces deux formes pour comprendre en quoi le produit de la science historique est une connaissance. Comment faire pour qu’un souvenir qui témoigne d’un passé puisse devenir preuve d’une vérité historique.
Actuellement, nous pouvons mettre àjour une transcription en caractères arabes pour ne  histoire eux écrire de gauche à droite est un peu rude. Actuellement de nombreux jeunes gens sont entrains d’utiliser cette transcription arabe pour leurs recherches personnelles, entémoigne le document qui suit.
Et puis, n’ayons pas peur desmots ! II faut que les africains arrivent à diffuser leurs propres histoires dans le monde entier. Si nous ne serons pas les premiers, nous ne serons jamais les derniers. Car l’Afrique peut écrire sa propre histoire.

  
AVANT LA NAISSANCE DE ELHADJ OUMAR TALL

L’histoire conserve et unifie notre représentation du passé collectif. Toutefois la différence de la mémoire personnelle qui s’impose spontanément à nous, elle veut être une connaissance du passé.
En d’autres termes cinq dynasties aux origines ethniques auraient successivement régné au Fouta avant KolyTengella.La dynastie de Jao ogo, Manna, Tonjon, Termes et Taga. Après le régime Dîne Yankobé dont le chef portait le titre de Sirâtîgué (saltigué). Le premier chef saltitigué s’appelait KolyTengellaBA.Leur dernier cheffut un Souli Boubou. Leur règne a duré à peu prés trois siècles (1500-1700). Ce fut un régime animiste et tyrannique. Desmouvements de résistance dirigés par Thierno Souleymane Ball, donna le titre d’almamy à Abdoul KaderKane, premier Imam de ce régime. II poussé trop loin son rêve d’une société musulmane ayant assis l’islamde son foutaToro, il a essayé de l’imposer aux autres populations du Sénégal. Son armée fut décimée par les troupes du cayor. En 1796 sa carrière allait vers sa fin après avoir été relâché par Damel. II rentra au fouta et reprit son poste d’Almamy mais revêtu d’un pouvoir et d’un prestige diminués. Néanmoins il avait su pendant presque 20 ans, inspirer à traverstoute la Sénégambie et le sud de la Mauritanie, la vision d’une société régie selon les principesde l’islam, il demeure encore pendant 8 ans au Fouta Toro, l’artisan de l’identité collective. Son chef d’œuvre c’était de faire vivre dans son propre pays, la longue et mince moyenne vallée du Sénégalet le grenier à mil de toute la région, un régime musulman strict et juste. Son intelligence, sa connaissance et son dévouement à la fois lui permirent de faire fructifier une région et de diriger un peuple souvent considérer comme ingouvernable.

IIs se sont battus pour le rayonnement de l’Afrique, du Sénégal et du Fouta Toro. Le sang répandu par de nombreux guerriers et érudits en lutte pour propager l’islam dans l’Afrique occidentale. En fait l’Islamest une entreprise qui demandera un grand effort de mémoire, d’intelligence et de volonté. Quand l’éruption d’évènementcesse, l’éruption d’idée commence, quelquefoisévènements et idées sortent pèlemêle du gouffre, de telle sorte qu’on ne sache plus si ce sont les évènements qui amènent les idées ou les idées qui poussent les évènements.


Moment magnifique et tout amour vrai procure nécessairement le bonheur. Thierno Saidou, le père d’Oumar et sa mère Adama Aissé vivaient dans un bonheur parfait avec amour, confiance, soumission et sincérité. Adama Aissé était une femme soumisse et choisie parmi toutes les femmes de toutes natures. Elle était également une bonne pratiquante musulmane, fidèle, obéissante à Thierno Saidou.
Face aux pires épreuves, elle digère facilement et garde les secrets de son mari. Elle est quasi-parfaite et digne. Thierno Saidou voulut chercher une seconde épouse et lui confiant des étrangers et des compagnons de sa seconde épouse, Adama Aissé accueillante qu’elle est, balaya proprement l’enclos des moutons pour céder sa chambre à la deuxième épouse. Thierno revena de la mosquée, vit l’acte d’Adam Aissé, satisfait, comblé de bonheur, un cœur plein de joie, il donna sa bénédiction à la mère d’El hadj Oumar.
Thierno dit à Adama Aissé « je suis très heureux de cet acte, je vous bénis, que la protection de DIEU soit sur vous. Quelques mois plus tard, en plein hivernage, Thierno Saidou était chez sa seconde épouse et envoya la mère de Oumar lui apporter sa natte, elle apporta la natte sachant que son époux était dans la chambre de sa coépouse et elle attendit devant la porte.Durant cette nuit la pluie tomba sur elle jusqu’à l’aube.Son époux, sorti pour aller à la mosquée, vit sa femme devant la porte et dit « Qu’estceque tu fais là à cette heure ci ? »

Adama répondit : « tu m’avais envoyée hier pour que je t’apporte la natte et je suis venu, j’ai trouvé la porte fermée. Pour ne pas déranger je suis restée devant la porte.
Thierno dit à la mère de Oumar que Dieu te bénisse et te donne la paix mais aussi il te offre un enfant célèbre qui sera capable de tout faire, qui sera toujours le premier dans l’arène de la science,sage , digne qui suivra la parole de Dieu et qui sera savant parmi les plus éminents de la terre. Quelqu’un qui craindra Dieu au nom du caché et du visible, qui sera populaire sur tous les plans. Le discours de Thierno était prolixe et personnel, il raisonnait d’une façon si éloquente. Et il dit « Toutes mes bénédictions qui devront s’accomplir se sont accomplies », les autres, celle qui ne sont pas accomplies s’accompliront. II y’a dans le cœur de chaque homme la faim de Dieu. Seul Dieu peut apaiser cette faim car il est l’amour.
Thierno Saidou et Adam Aissé ont eu dix enfants, hommes et femmes. II s’agit de Fatimata, Ibrahima, Oumkal, Salimata, Djeynaba (Zeynabou), Cira cette dernière est décédé à bas âge. Ensuite  Tapsir,Ousmane, Alpha Amadou et Cheikh.


Première Partie : La Naissance de ELHADJ OUMAR TALL


La mèred’Oumar a vu beaucoup de miracles lors de la naissance de son fils. Elle a accouché Oumar sans difficultés, mais c’était dans le calme et dans l’émotion. Et lors de cet accouchement, elle n’a pas versé de sang ni fait couler des larmes et cela ne l’a pas empêché de prier le « FADIAR ». Elle était complètement propre, on entendait nulle part les cris d’Oumar. II serait né une nuit de mardi à mercredi, veille du premier jour de Ramadan.
*Ainsi Oumar Saidou Tall est né à Halwar, village situé à quelques dizaines de kilomètres de Podor, à une date assez controversée : Fernand DUMONT la situe dans l’anti-Sultan entre 1794 et 1797, DELAFOSSE, MAGE, Mohammed EL HAFIZ du Caire,  De LAVIGNETTE proposent 1797, alors que l’encyclopédie de l’Islam retient 1794-1795. Notons cependant que Mohammadou Aliou Tyam, le biographe panégyriste toucouleur d’El hadj Oumar l’anonyme de Fez et Cheikh Oumar en personne n’abordent pas cette question. Malgré tout, de tout de nos jours la confrontation des données fournies par les sources orales et écrites ont fait progresser les études omariennes. A ce sujet, il est admis unanimement qu’Oumar naquit entre 1794 et 1797, ce qui correspond à 1210et 1213 de l’hégire, et qu’il disparut en février 1864, soit 1280 de l’hégire. El hadj Oumar imprima à l’Islam et au soudan occidental des marques indélébiles.

Oumar naquit dans une famille de dix enfants dont il fut le dernier-né d’où son surnom de « kodda Adama Aissé » (le dernier né d’Adama Aissé). Son père, Thierno Saidou Tall était un marabout appartenant comme sa mère au groupe ethnique torodo. Adama Aissé acquit très vite le titre si envié de sokhna à cause de ses innombrables qualités morales et spirituelles.
Déjà sa naissance le Lac DIALLOLOL qui était auparavant salé, devient doux, sucré, buvable et clair comme l’eau du Ruisseau. C’était le premier miracle, le deuxième miracle est qu’au premier jour du mois de Ramadan il n’a pas accepté le sein de sa mère. Adam Aissé s’est inquiétée pour son enfant et dit à son époux Thierno, « est ce que notre enfant n’est pas malade ? » Depuis ce matin, et déjà le soleil est au zénith Oumar ne veut pas téter. A l’heure de la coupure Adama Aissé donna le sein à son enfant et qui accepta. Sa mère fut combler de bonheur de voir son enfant téter. II en fut ainsi jusqu’à la fin du mois de Ramadan.

*Samba Dieng Professeur titulaire Département de lettres Modernes, Faculté des lettres et sciences Humaines, UCAD, Dakar, Spécialiste d’ELHADJ Oumar
Tous ces miracles ne sont pas étranges chez les « waliou »(Souffi), même Abdoul Khadril Djeynani a fait ce miracle comme montre le livre « Nouroul Absarii » Abdoul Khadril était né à la fin du mois de Ramadan, il n’a jamais voulu téter, la population allait s’informer auprès de sa mère est ce que Abdoul acceptait de téter le sein de sa mère.

 II y’avait aussi un grand érudit de l’Islam, c’était un arabe et qui habitait à Singuite. II vit un jour une étoile descendre sur la terre, il l’a suivie étape par étape, jusqu’a HALWAR. II crut que cette étoile qui venait de descendre à Halwar c’était cheikh Oumar. II prit cheikh et l’embrassa avant de lui serré les mains. Et l’arabe dit « j’ai suivi cette étoile, c’est pour voir cet enfant et il retourna dans son pays et ne revint plus à Halwar.
Et un autre éminent qui vivait au Maroc précisément à FEZ, il disait à ses compatriotes qu’un grand savant, sage et érudit de l’Islam venait de naitre en Afrique Noire. IIsera l’un des meilleurs parmi les meilleurs. Sa science et son dévouement à la fois lui permettront de diriger un empire très vaste. Partout dans le monde et n’importe quel pays ou il mettra ses pieds, les peuples le suivront.
Donc je demande à mon Dieu, il ne faut jamais qu’il vienne ici à FEZ (Maroc). Sinon nous risquerons de le suivre. Et Dieu exauça sa prière car Cheikh Oumar n’a jamais eu la chance d’aller à Fez.

Seykou Oumar grandissait et un jour il accompagna un certain  Wakki Alfa qui allait aux champs semer du mil avec ses disciples. Comme il était petit encore, ils ne voulaient pas le laisser semer. Mais voilà que l’enfant met une graine dans un trou creusé et dans le trou suivant, il ne met de graine. On le gronde en lui dis      ant « si tu sèmes de la sorte, nous n’aurons pas beaucoup de mil ! », finalement on le chasse avec une baguette. Mais, ô chose étonnante, il traverse le fleuve comme s’il marchait sur la terre ferme et rejoint l’autre rive. Alfa était inquiet pour son frère, viteil envoya un de ses disciples de faire venir le père du petit Oumar, Seydou. Celui –ci se fait expliquer l’attitude de son fils et convoque ce dernier.

C’est alors qu’Oumar donne le sens de ce qu’il a fait :
II n’a pas mis de graine dans le trou parce que si cette graine poussait, ce sont les singes qui allaient venir sucer les tiges. « Je ne sème pas pour les singes dit-il».
Le petit Seykou leur montre un autre trou ou il n’a pas mis de graine. II dit : « si cette graine pousse, les vaches viendront casser la tige, qui ne produira rien. Je ne sème pas pour les vaches,» dit-il.
Enfin, il s’arrête devant un autre trou ou il n’a pas mis de graine et dit : « Je n’ai pas mis de graine ici, car quand cette graine sera mûre, elle sera mélangée à d’autres graines pour le sacrifice d’un défunt ». Les gens lui dirent : « Oumar, sois brave, laisse cela ! ».
Thierno comprit, tout ce que Oumar raconta et dit Oumar « ça suffit maintenant, rentrons à la maison ».

         A l’âge de 5 ans, son père l’amena pour qu’il parte étudier. Et le maitre de Oumar disa à Thierno Saidou : « Comment peut-on enseigner à un enfant qui ne sait même pas compter ? » 
Le maitre luidemanda : tu sais compter ?
Oumar répondit : «  Commençons à compter ! »
Le marabout dit Un (1) et deux (2) et le petit Oumar lui demande que signifie Un (1) avant de dire deux (2). Le marabout avoue son ignorance  en disant : « C’est une manière de compter.
Devant son maitre le petit Oumar osa affirmer Unsignifie l’unicité de Dieu, il est seul, il n’a pas été engendré, on l’a pas engendré.

Oumar posa la question à son maitre : Que signifie deux ?
Le maitre ignore,
Le petit Oumar affirma : Deux postule qu’il crée tout en couple (toute chose que Dieu crée est à l’image de Deux) : l’homme et la femme, le jour et la nuit, le ciel et la terre, le paradis et l’enfer, le bien et le mal, le bonheur et le malheur.
Le marabout inquiet et Oumar continua
Trois, il a fait de la synthèse la base de toute sagesse.
Quatre : Dieu oriente le monde en quatre points cardinaux : L’Est, L’Ouest, le Nord et le Sud.
Cinq : L’Est, L’Ouest, le Nord et le Sud et le ciel au-dessus de toutes ces choses. Et il fixe les musulmans les cinq prières quotidiennes.

Le marabout dit Six (6), et Oumar dit à son maitre, le compte se limite à partir de Cinq.
Par exemple en additionnant cinq plus Un, nous avons Six, Cinq plus Deux nous donnent sept, ainsi de suite.
Le Maitre prend Oumar et le ramène chez son père. Et il dit « Thierno Saidou, prend ton fils, je ne peux pas l’enseigner »

          II se révéla également de manière autre : un jour, tous les disciples avaient écrit sur leurs tablettes des versets pour réciter. Pendant ce temps Oumar dormait. Ses Camarades se plaignaient auprès du maitre. Quand ce dernier le convoqua, Oumar lui dit tout.

Un autre jour, ils allèrent chercher du bois. Oumar se mit à l’ombre d’un arbre pour dormir. Au retour, le maitre compta les fagots de bois, celui du petit Oumar s’y trouvait. C’est alors que le marabout ramena Oumar chez son père, en lui disant : »J’ai donné à ton fils ce que je savais ».

Cheikh aimait beaucoup les débats d’idées avec ses camarades. Chaque se vantait de ce que Dieu lui a donné. Les grands thèmesévoqués à leur discussion, la conversation fut riche, brillante, contradictoire ponctuée d’immense rires et de dialogue : l’Islam, Dieu, l’enfer, le paradis, les éminents de l’Islam, la société, la science, la famille et le Coran.
Cheikh commença à raisonner et dit « ma mère n’a jamais cessé de prier même le jour où elle accoucha de moi, elle n’a pas versé du sang et ces larmes n’ont pas coulés » et ses camardes l’ont acceptés et avouent que Cheikh avait un don de Dieu.

Plus tard, Oumar partit étudier chez un Savant à Penisanakuru. II fit ses adieux à ses parents et alla chez le savant, devant qui il se présenta en disant « Je suis venu chercher le savoir ». « Tu es venu à un grand fleuve, lui dit le savant, un fleuve inépuisable »
C’est là qu’un jour il vit au loin sa mère entrain de piler du mil à Halwar. Des chèvres s’approchaient du mortier. II les chassa de loin. II dit cela au savant qui en fut stupéfait et le ramena chez ses parents.

Les années passèrent, Oumar acquit beaucoup de secrets. La connaissance on l’a cherche, mais la bénédiction on l’achète. C’est pourquoi les vœux de santé, de bonheur, de réussite et les bénédictions qui appellent la protection de Dieu sur notre famille et nos enfants.

A l’âge de huit ans, Cheikk Oumar mémorisa le saint Coran. Sa conscience d’enfant a été enchantée par les récits colportés dans un milieu populaire.

* Les nombreux surnoms du Cheikh était liés à ses multiples exploits, son père l’appelait Oumar Ibn Sa’îd TALL, tandis que sa mère l’avait surnommé « kodda Adama » qui signifie dernier fils d’Adama Thiam. II était le quatrièmegarçon de son père et le huitième enfant et le dernier de sa mère.

Sous la protection de Soufi, Oumar Tall apprit le saint Coran et entama sa formation religieuse et morale auprès de son véritable père. Et en mêmetemps, lepère était absorbé par les préoccupations familiales, les Wird, les zikr et autres exigences de la vie. II s’était rendu compte par ailleurs du quotient d’intelligence élevé de son fils, ce qui lui a valu un suivi rigoureux, depuis les études coraniques, en dispensant à Oumar des travaux champêtres qui pourraient d’ailleurs compromettre ses études et sa formations religieuse. C’est ce qui poussa alors le père à le confier à un autre Cheikh du nom de Hammad THIAM, originaire de son village natal Halwar. II se peut que Hammad Thiam soit un proche de la mère de Cheikh Omar Adama Thiam. II peut aussi être un oncle à lui.

Originaire de son village natal, le  Cheikh enseignait le Saint Coran avec sérieux et dévouement et gagnait la sympathie des gens de Halwar, qui souhaitaient que des chefs comme Sa’îd TALL prennent en charge la formation de leurs fils. Omar TALL suivait ainsi avec intérêt  et persévérance les enseignements coraniques de vénéré Cheikh.

II existait  à Bogué² une famille de Sakho dont Thierno Lamine SAKHO est un des plus célèbres érudits.
El Hadj Omar avait appris et mémorisé le Coran dans une très courte durée et en avait dépassé toute sa génération du Fouta. II avait appris les différentesrègles de lecture du Coran et avait maitrisé les différents genres de lecture en vigueur. II a merveilleusement mémorisé le saint Coran à une durée tout à fait négligeable. Ce qui constituait un rare exploit, sinon que les enfants n’avaient jamais réalisé pareil exploit à l’époque.

Son père Sa’îd TALL se montrait très généreux à l’égard des maitres coraniques de son fils, et cette générosité était bien accueillie par respect pour leur action éducative qu’il appréciait hautement, quoique l’enseignement à l’époque fut gratuit au Fouta, au Cayor, au Baol et au Saloum comme dans d’autres zones du Sénégal réputées pour l’enseignement du Saint Coran.


*Dr Thierno KA AL HABIB Chercheur du département d’Islamologie à l’IFAN, Université Cheikh Anta Diop
² Bogué : grand foyer religieux situé dans les rives du Fleuve Sénégal, dans la partie mauritanienne.


Deuxième Partie : LA  CARRIERE CORIQUE DE ELHADJ OUMAR TALL

Oumar mémorisa le Saint Coran et appela son père et sa mère pour leur dire : « Je veux maintenant aller poursuivre mes études » .Et  Thierno bénit son fils, qui part au loin.
 « Poursuis ton chemin, mon fils »
Que Dieu et toi marchiez du même pas
Qu’il soit avec toi.
Qu’il soit ton œil
Qu’il soit ton pied
Qu’il soit ta main
Qu’il soit ta bouche
Mon fils, une fois que Dieu t’accompagnera, tu seras tout cela.
Tu seras l’eau qui traverse les rochers.
Cheikh dira Amen par ce qu’il part de loin.
Il avait  trois chemins en quittant Fouta Toro. Il veut aller au pèlerinage, visiter la Médine et demander le wirde Tidiania et aller au BAITALL MOUGADATII. Demander le djihad (guerre sainte). Il a reçu de sa famille une instruction religieuse solide et appris l’arabe. De longues études coraniques et lui assurent une parfaite connaissance de l’arabe parlé et écrit.il acquiert  en même temps de solides bases théologiques qui le rendront respecté des pulaars. Plus tard  il apprit les disciplines classiques enseignées  alors au prés de nombreux marabouts qu’il fréquenta, en Mauritanie et en Guinée.

En 1920 âgé de 23 ans alors qu’il possédait la science requise pour une carrière maraboutique. Oumar, complète sa formation par des voyages au prés des Maures de la confrérie de HADIRIYA au TAGAN et à WALATA. Dans sa recherche du savoir il a séjournée au Fouta DJALLON, à HAMDALLAYE au Médine où il rencontra pour la première fois le prophète Mohamed(PSL) à LELOUMA au Fouta DJALLON à l’âge de 25ans. Il fut bien accueilli par le souverain Cheikh Ahmadou. Oumar poursuivit son chemin.

En 1823, il séjourna à Sokoto au Nigéria chez le SOUVERAIN de Mouhamadou Bello fils d’Ousmane DANFANDIO, fondateur de l’Etat musulman 1804. II fut bien accueilli et comblé d’honneur. Poursuivant sa route vers l’orient, des mystères l’infatigable, traversait les savanes et les rivières, les villages et les cités portant majestueusement ses habits immaculés. II a circulé en Egypte puis à Jérusalem et il entreprend le pèlerinage à la Mecque pour une durée de 4 ans.
*Les écrivains ne s’accordent pas sur la durée du pèlerinage d’Elhadj Oumar. Certains disent que ce pèlerinage a duré environ vingt (20) ans. Pour d’autres, sa durée est estimée  dix huit (18) ans.
 Delafosse affirme que ce voyage a eu lieu de 1820 à 1838 après J.C, alors qu’il est mentionné dans les manuscrits de FEZ (Mahmud Fâs) qu’il a eu lieu de 1820 à 1836 de l’ère grégorienne, c'est-à-dire 16 ans.
Ce qui nous préoccupe est de montrer dans cette étude que Cheikh Oumar TALL  a parachevé sa formation intellectuelle et soufi ,à travers le pèlerinage,en passant par fouta toro, Fouta Bundu, Fouta jallon, Kangari, Sukuta, Kanem,  Burnu, Gandu, le pays des Haoussa, Fezzan en Lybie, Egypte et Jiddah .
Durant son pèlerinage à la Mecque, Omar Foutiyyu avait entendu le nom de seydi Muhammad al Gali par l’intermédiaire d’homme s généraux, bienfaiteurs et avait l’espoir de le rencontrer 
De ce contact avec les habitants il en est tiré une plus large connaissance, des bienfaits et des secrets durant cette période. Il prit contact avec Cheikh Muhammad al Gali qu’il continua à suivre durant trois anseffectifs, en bon élève qu’il était en des mains expertes .il était dévoué, exécutant toutes les t tâches au point de susciter la satisfaction du cheikh. Il l’accompagnait nuit et jour et se vouait entièrement à lui, allant jusqu'à ce qu’il lui permet d’accéder  à tout les secrets de la confrérie et à tous les Wirds. Il le hissaau groupe de ses fidèles les plus proches. Il le nomma Calif de la confrérie à l’Ouest (Garb) et lui ordonna de rentrer au pays pour une plus grande diffusion de l’Islam, selon les principes soufi de la

Dr Thierno Ka AL  HABIB
Chercheur, chef du département d’Islamologie à L’IFAN
Confrérie Tijaniya. Et cheikh Moussa Camara nous  d’écrit  cette attitude en ces termes : « Cheikh Oumar foula le sol du Hijaz et exécuta le rite du pèlerinage à la Mecque
Après avoir terminé son Hajj, il se dirigea vers Médine (al madina al_ mounawara) pour rendre visite au prophète (PSL). Ainsi, il exécutason objectif et y resta à la disposition du Cheikh Mouhammad al Gali. (que Dieu satisfait de lui ), pendant trois ans et devint son proche serviteur. C’est à ce moment que Cheikh Mouhamad al Gali selon la volonté de Dieu jusqu’au moment ou il atteignit son objectif, c’est adire la relation de ses aspirations.

De ce Cheikh et de cette attitude, Cheikh Omar allait parfaire sa formation dans les domaines réservés à la l’élite, à ses secrets et à ses connaissances.

Après avoir accompli son devoir de pèlerin il prit le titre d’El hadj. C’est de là que vient le nom Elhadj Oumar TALL. II est devenu plus que Savant. Un homme de fois profondément croyant, viscéralement attaché à la doctrine de la SUNNA telle qu’elle a été transmise par DIEU. II s’est familiarisé avec des Noms prestigieux telle qu’El hadj Oumar, Tapsir Oumar et Thierno Oumar. Ce personnage de légende dont il nous donne une description dans les sources, les récits et une tradition orale.

A vide de la connaissance des choses et des lettres, EL HADJ OUMAR prolongera son séjour oriental en visitant la ville Syrienne de Damas, aventure unique d’un noir de son temps.

El hadj retourna à Médine au service d’un grand souffi du Nom de Mouhamet Ghali, disciple de Cheikh Ahmet Tidiane auprès de qui il convoitait le secret d’un grand nom Dieu. Aussi longtemps qu’il vécutauprès de ce Saint médinois, il effectuera humblement toutes sortes de travaux domestiques. Un jour le PROPHETE apparut ç son maitre à qui, il intima l’ordre de transmettre le Secret  au pélerien. C’est alors que Cheikh dit à EL hadj Oumar la révélation suivante :
« OH Oumar, fils de SAID (Saidou) retourne au pays de tes ancêtres pour balayer cette terre et profaner les idoles. Des affaires de ce monde et dans celui d’au-delà seront facilités.

Pendant ces voyages, il garda un souvenir pénétrant de sa mere dont la piété et la soumission le marquèrentprofondément. Les Arabes lui demandèrent souvent : « El hadj est ce que tu as laissé au fouta, quelqu’un qui est semble à ton père ? ». II répondit : « Au Fouta, j’ai laissé beaucoup d’hommes sembles à mon père mais je ne vois pas de femmes comparable à ma mère ».

 Adam Aissé vivait avec Thierno dans une maison très féconde en vertus, elle est digne. Elle obéit toujours aux ordres de Thierno, quoi qu’il puisse arriver.

 El hadj est allé à NDORBOSS auprès d’Amirou IBN ABDOULAH pour approfondir ses connaissances. II lui enseigna la charia, la grammaire, la linguistique et d’autres disciples. Quelques années plus tard El hadj se maria avec Fatima, la sœur de son marabout.
      En 1832, El hadj entreprit de retourner vers la terre de ces ancêtres. Au Caire où il séjourna, un groupe de savant de l’Université AL AZAR, sont jaloux de sa prestation au cours d’une discussion scientifique. II confondra à ses détracteurs sans exception. Un exemple nous suffirait. A l’un deux fort malicieux, qui avait déclaré à son adresse : « O science toute splendeur que tu sois, mon âme de dégoutera de toi quand tu t’enveloppes de noir ». L’un d’eux lançant son adresse l’a supplia un jour raciste. Ta science suppliant soit elle nous laisse indifférent par ceque portée par une tête de Negre.

Posément, Oumar de répliquer : « L’enveloppe n’a jamais amoindri la valeur du trésor qui s’y trouve enfermé. Donc ô poète inconséquent, ne tourne plus autour de la Kaaba, maison sacrée d’Allah, car elle enveloppée de noir.
      O poèteinattentif, ne lis donc plus le Coran, car ses versets sont écrits en noir.
Ne réponds donc à l’appel de la prière, car le premier ton, fut donné, et sur l’ordre de Mouhammad notre modèle par l’abyssin Bilal, donc un noir.
  Hâte-toi de renoncer à la tête couverte de cheveux noirs.
N’oublie pas que c’est avec l’irremplaçable prunelle noire que l’œil parvient à discerner.
O poète qui attends chaque jour de la nuit noire le repos réparateur de tes forces épuisées ! Puisque tu asrecours à des satires pour essayer de me ridiculiser, je refuse la compétition.
 Chez moi dans le Tekrour tout noirs que nous soyons, l’art de la grossièreté n’est cultivée que par les esclaves et les bouffons »
        En un mot, sinon en mille, le néologisme super, en tous les domaines ci-dessus recensés, peut lui être attribué incontestablement.
       De surplus avec ce vers si explicite : «  Elhadj Oumar est celui qui avait toujours refusé de mourir, qui avait su résister à la mort».
      Les grands hommes, force est de le répéter objectivement, ne naissent que quand ils meurent. C’est le cas du « Kodda Adama Aissé, Tôrodbé, aan bouri » :
(Benjamin d’Adama Aissé, tu es la quintessence de tous les Tôrodbé).

Troisième Partie : *El Hadj FOUTIYOU TALL, VU PAR CHEIKH MOUSSA KAMARA DE GANGUEL

« Par la suite, c’est Moussa Ibn Ahmed, que Dieu lui pardonne les fautes, du cœur et du corps,qui a choisi de se mettre au service du Cheikh El Hadj Oumar-Dieu l’agrée-par la relation de quelques uns de ses titres de gloire et de ses prodiges afin de se rapprocher de Dieu le très Haut, espérant avoir en retour bénédictions et faveurs » (trad. Amar ; 1970). Ces propos sont de Cheikh Moussa ibn Ahmad KAMARA de Ganguel 1864-1945, lorsqu’il a entrepris d’écrire son ouvrage intitulé : « La plus savoureuse des sciences et la plus agréable des informations concernant la vie du maitre Cheikh El hadj Omar ».
         Avant d’aborder l étude de notre sujet qui s’intitule : « El hadj Oumar FoutiyouTall vu par Cheikh Moussa Kamar de Ganguel », nous tenterons de dresser un bref aperçu sur nos deux personnages et de les replacer dans leurs contextes historiques, culturel, social et religieux.
         S’agissant d’El hadj Oumar, diverses dates sont proposées sur sa naissance, mais celle qui est consacrée aujourd’hui est celle de 1797. C’est  ce qui explique d’ailleurs le sens de ce bicentenaire 1797-1998.

Si nous revenons à cheikh Moussa ibn Ahmad Kamara, disons que les mêmes imprécisions entourent sa date de naissance, mais celle qui est retenue est celle de 1864 à Gouriki Samba Diom. Né d’un père respectable et considéré comme un illuminé, Hamady Duunde Kamara, originaire de Selibaby, et de Mariama Dadde Sow, femme peule originaire du Boundu ou du ferlo selon certaines sources. De son premier maitreThierno Malick Dieng de Gouriki, il frequenta à la fois les foyers d’enseignement arabo-islamiques de Poolel Jaawbe, de Seeno Paalel, de Yella, de Walalde, de Bokidiawe, de Gollere, de Diwat mat. II fit notamment un séjour en terre maure ou il étudia auprès de deux maitres qualifiés.
 Doué d’une intelligence hors du commun, Cheikh Moussa Kamara élargit ses horizons linguistiques, juridiques, littéraires, scientifiques et culturels en autodidacte (cf son œuvre tabsîr al Haàif). Vers les années 1886, il fut nommé Cheikh par le Grand Saint Cheikh Saad Bouth.

*Abdoul Malal DIOP, Assistant à l’Ecole Normale supérieure de Dakar.
        II effectua plusieurs voyages en Guinée, au Mali, en Mauritanie ainsi qu’a l’intérieur du Sénégal.
Intéressé par l’écriture, il commença à rédiger des livres dés l’âge de 24 ou 25 ans. II a rédigé environ une cinquantaine d’ouvrages dans des domaines aussi sensibles, riches que variés.
L’un de ses ouvrages compte jusqu’à 1.800 feuilles environ.
        II possède des œuvres en histoire, en jurisprudence, en religion, en littérature, en sociologie, en ethnologie, en science, en grammaire etc.

 Si nous revenons aux contextes précédemment cités, disons qu’El Hadj Oumar est né au fouta Occidental, dans le fouta toro, localité dans laquelle existaient à l’époque, différents courants religieux-cultures, social et politique. Le Fouta était à sa naissance un état théocratique ou l’avènement de l’almamiat, c’est-à-dire la Révolution Torodo n’avait encore que vingt ans environ. Cette révolution est comme nous nous le savons le résultat de plusieurs décennies de fermentation d’idées religieuses, animées par les échanges de maitres et d’étudiants entre la Mauritanie, la Vallée du Sénégal, le Soudan, la Guinée, le Kajoor etc.

Sur les plans culturel et social, c’était donc l’extinction de la dynastie païenne des peuls deniyankés, l’instauration de l’almamiat très inspiré après tout des mœurs et costumes du Fouta Toro. Comprenons par là que bien que l’almamiat ait instauré un état islamique, les populations pratiquaient un islam, qui n’est à vrai dire qu’un alliage entre l’application de l’islam pur et dur inspiré du Saint Coran et de la sunna, et un libertinage caractérisé. (cf, le comportement des héros du Fouta tels qu’Ali Sidi de Mbolo, de Mokhtar kudeeje à l’égard d’Almamy Abdoul Kader).
  La société était dirigée, de fait, par ceux qu’on appelle les « nama Kala » véritables agents de renseignements, viveurs sans soucis, laudateurs et coureurs infatigables après les intérêts matériels. IIs jouaient un rôle déterminant dans la nomination et la révocation des chefs religieux. Accusé d’avarice par ces Nama Kala, l’almamy Moustapha de Hooréfondé fut révoqué par ce que l’année de sa nomination n’a pas connu les grandes crues. Conclusion, il était donc guignard.

L’autre courant historique et culturel qui a marqué la vie du Cheikh El Hadj Oumar fut aussi ses relations avec ses maitres spirituels et en particulier avec le Cheikh Mohammed al Gâli ainsi que son séjour au Hijâz.
     Investi calife de la Tijâniyya, le Cheikh El Hadj Oumar devrait créer une école de vie dans un Fouta dirigé par un almamy, et où brillaient de mille feux des foyers d’enseignements arabo-islamiques et l’ordre Qâdiriyya. II devrait également trouver un moyen d’asseoir et de diffuser la Tijâniyya dans un fouta où de Saint Louis l’administration coloniale commençait à réaliser son plan d’occupation systématique. N’est-ce pas d’ailleurs la cause fondamentale du déplacement de l’axe de son combat ?
     Quels que soient les mobiles qui ont sous-tendu son émigration, le Cheikh El hadj Oumar reste encore la personnalité noire qui a le plus marqué l’histoire de l’Islam dans le continent noir.
     Les sources concordantes s’accordent à dire qu’il a disparu dans les falaises de Bandiagara en 1864. Que ceci soit un hasard ou une coïncidence, Cheikh Moussa ibn Ahmad Kamara lui, naquit à Goudiki Samba Diom à cette date.

Un certain parallélisme nous fait d’ailleurs voir que Cheikh Moussa est né l’année de la disparition d’El Hadj Oumar :
Ø     El hadj Oumar est originaire du Fouta Occidental, non loin du fleuve Sénégal, alors que Cheikh Moussa est origine du Fouta oriental, Gouriki Samba, village sis sur le fleuve Sénégal aussi.
Ø     Cheikh est né d’un siècle environ après la révolution Torodo. El Hadj Oumar a été l’un des acteurs de l’histoire religieuse du siècle au Fouta alors que Cheikh Moussa fut un spectacle du résultat des événements.

Ø     Cheikh Moussa Kamara a vécu directement les effets qui ont suivi la fin de la sainte menée par Cheikh Oumar.

Parmi ces effets il faut citer le retour des Fergankoobé (cf David Robinson 1987), les troubles agraires au Fouta, l’insécurité, la famine, le dépeuplement etc.
II faut mentionner également le traumatisme et le stress nés de la colonisation française qui a fini par occuper tout le Fouta vers 1891. Cheikh Moussa était âgé de vingt ans.
Ø Cheikh Moussa a vécu la situation anarchique et la tyrannie des chefs de canton ainsi que la féodalité dans une société, pour le moins qu’on puisse dire, sur l’irréalisme et l’injustice
Ø Sur le plan purement religieux, ce fut l’époque des querelles confrériques entre les adeptes de la Tijâniyya et la Qâdiriyya, d’une part.
Après avoir présenté nos deux personnages et brossé les paysages politiques, culturels, sociaux et religieux du Fouta Toro, posons-nous la question de savoir quelle est l’image que Cheikh El Hadj Oumar a imprimée dans la mémoire du jeune Moussa Kamara ? Pour clarifier cette image, il est sans doute nécessaire de faire parler les morts à travers à travers le précieux patrimoine écrit, laissé à l’humanité par ces derniers. Ces œuvres restent les témoins les plus fideles et les plus sûrs pour établir des relations entre la vie du Cheikh El hadj Omar et celle de Cheikh Moussa Kamara.

II n’existe, pas parmi les écrits de Cheikh Moussa, une œuvre qui soit consacrée à ce sujet, mais en les lisant on peut retrouver, en filigrane, l’image que Cheikh Moussa s’est faite du Vénérable Cheikh El HADJ Oumar.
L’ouvrage qui sans conteste le passage obligé pour cette étude est : « La plus savoureuse des sciences, et la plus agréable des informations concernant la vie du Maitre, Cheikh Oumar »(trad. Du professeur Amar Samb, BIFAN, série B,4°,1,2,3 ; 1970). On peut retrouver notamment des renseignements sur El Hadj Oumar dans les œuvres de Cheikh Moussa telles que :
1.      Zuhûr al Basâtîn fî ta rîkh as Sawâdîn
2.      “al haqq al-Mubî fi uhuwwa jamî’I al-Mu’minin wa ittihad turuq sâ^ir as sâ irîn bi trîq a addahikr wa l Mujâhada ilâ Hadarat Rabbi al-Älamin”
“La vérité éclatante dans la fraternité entre tous les croyants et l’unité des voies de tous les aspirants par l’invocation et l’effort vers l’enceinte du seigneur des Mondes (trad. De Moustapha Ndiaye BIFAN, t41, Série B, 1979, p.196)

Nous terminons cette partie en disant que Cheikh Moussa KAMARA a été profondément marqué par le Cheikh El hadj Oumar, et il ne serait pas aventureux de postuler que c’est une forte présence spirituelle du Cheikh El hadj Omar dans l’esprit du jeune Moussa qui l’a conduit à vouloir s’identifier à lui.

Cheikh Moussa est un grand admirateur de Cheikh El Hadj Oumar. Dans plusieurs passages de son livre sur la vie de El Hadj Oumar, il se plaît à relever des citations dans lesquelles on mentionne son courage, son honnêteté, sa sainteté, son instruction etc. C’est dans cet esprit que Cheikh Moussa écrit : » et en conclusion, on évoquera les marques de supériorité du Cheikh El Hadj Oumar. Que Dieu le très haut l’agrée en tant que Pole suprême et source de secours pour les gens du Fouta Toro pour avoir vengé et réparé les torts qu’ils (les gens du fouta) avaient subi de leurs ennemis Masala ».

Cheikh Moussa Kamara nous dit encore en racontant un des prodiges du Cheikh Oumar lorsqu’un certain Kûra le détourna du lieu de passage d‘un fleuve avec son armée : « El Hadj Oumar passa deux nuits, à chercher un endroit guéable du fleuve sans succès, il demanda à son armée de couper les arbres pour construire un pont sur le fleuve. Cela fut fait mais sans succès encore. Mais lorsque les troupes se mirent à souffrir de la faim, ne mangeant que des feuilles d’arbres, au matin du 3 éme jour, il cria à l’armée, en spécifiant bien son nom : ( je suis Oumar, je traverse aujourd’hui, si Dieu le veut, puisque vous, vous êtes incapables de construire un pont avec des arbres et du sable !). II dit à l’armée de marcher, on s’enfonça dans l’eau, et c’est comme si le fleuve était sec depuis deux ans. Toute la troupe traversa (Amar Samb ; Bull IFAN, t 32, 1970).

 Cheikh est convaincu du pouvoir mystique que Dieu a accordé au Cheikh El Hadj Oumar. II émet de temps à autre des idées critiques concernant certains faits mais cela ne fait point douter de sa sincérité et de sa croyance en la sainteté du Cheikh El Hadj Oumar. Toujours dans le cadre des prodiges du El Hadj Oumar et dans le même ouvrage, Cheikh Moussa dit : « Après la traversée du fleuve, le Cheikh ordonna de lui apporter quarante mesures de sa prélevée sur ses provisions, ce qui fut fait ; il partagea entre toutes les troupes qui comprenaient mille cent hommes hommes, et à chacun il devait donner l’équivalent d’une poigné et chacun après avoir  mangé sa part se trouvait bien repu ».

Un autre prodige qui n’est pas moins intéressant que les autres est le suivant : « le Cheikh ( El Hadj Oumar) ordonna à ses gens de sortir par la porte de son serviteur Abdallahi Ali. On lui répondit qu’il y’avait le feu et que pourtant c’était la seule issue. (Passez par-là, leur recommanda le Cheikh. Vous ne serez pas brulé s’il plait à Dieu). IIs obéirent en passant à travers les flammes sans que personne n’ait à se plaindre de quoi que ce fut et encore moins aucune brûlure ». Cheikh Moussa Kamara est l’un des chercheurs qui maitrise bien les péripéties et l’histoire de la vie de Cheikh  El Hadj Oumar et ne se lasse pas de mettre en exergue sa qualité et son mérite. Ecoutons ces éloges du savant Wadi-Allah de Macina, disciple du Cheikh El Hadj Oumar rapportées par Cheikh Moussa.

1-     « Est –ce le fantôme de Salma ou bien celui d’Ummaya qui chasse de mes yeux le sommeil et qui lui a fait passer une nuit semblables à celle d’un torturé
2-     « Ce n’est ni l’un, ni l’autre, mais bien le souvenir du pole spirituel, le directeur qui guide le perplexe hésitant »
3-     « c’est le souvenir d’un maitre, qui a un idéal  élevé et dont les opinions sont trop sublime pour descendre au rang d’un vil idéal »
Plus loin, le même auteur écrit : « or ça, ô Cheikh, Calife désigné pour les hommes par Dieu, ô bonheur des humains et ô fils de Saïd » .
Il dit enfin : 1. « O maitre du temps ! O refuge ! O notre maitre ! O Ami de Dieu ! O Oumar !
1.      « O visage  du bonheur ! O Félicité des Hommes
2.      O lumière du siècle ! O sabre de Dieu ! O lune !( Traduction de Amar Samb, Bull IFAN, t 32 1970).
Cependant malgré l’amour, l’estime et la confiance que Cheikh Moussa Nourrissait à l’égard du Cheikh El Hadj Oumar, il n’hésitait pas à faire souvent usage de son esprit critique pour restaurer le droit de la raison contre la crédibilité injustifiée des fanatiques. Ces objections peuvent faire penser que Cheikh Moussa Kamara s’oppose aux faveurs, que Dieu a accordées au Cheikh El Hadj Oumar ou sous estimer ses qualités. Ces idées paraissent choquantes si l’on considère la grandeur du Cheikh Oumar, mais elles possèdent quand même leur valeur. Comme tout homme de sciences, Cheikh Moussa aime la comparaison, l’opposition, la confrontation, bref il n’aiment pas les zones d’ombre et les affirmations gratuites. Cette attitude apparaît dans plusieurs passages de ses ouvrages.

Nous retrouvons encore un autre passage dans son œuvre « al-haqq-al-mubî », pp. 24-25, où Cheikh El hadj  en disant que celui –ci a juré que son arrivé devancer au « trone Divin » les gens des sept cieux et les sept terres et qu’aucun infidèle, ni hypocrite, ni personne parmi les musulmans ne saurait la détruire jusqu'à sa rencontre avec l’Imam Muhammad al-Mahdi. II est besoin ici de rappeler que Cheikh Moussa a montré que toutes les échéances fixées pour l’arriver de ce mahdi son passées il n’est apparu. Il cite la fin du 13e siècle qui était la date retenue pour cette événement alors qui maintenant nous sommes au 14e siècle (1344) de l’hégire.
Cheikh Moussa émet donc un sérieux doute sur la véracité de l’apparition du Mahdi. Il justifie la parole de El hadj Oumar par la ferme croyance, la sincérité que se denier nourrit pour son Cheikh Muhammad al-Gahli.

Nous avons pu avoir à travers l’œuvre du Cheikh EL Hadj Oumar : « Ar- Rimâh » que le Cheikh Muhammad al Ghâli attendait l’apparition du Mahdi pour lui donner le Wird  Tijjâni. Après avoir présenté quelques objections de Cheikh Moussa KAMARA sur le Cheikh EL Hadj Oumar, abordons maintenant les deux épineuses questions des confréries religieuses et des Jihad
       Nous sommes les fils de Dieux et ses amis. Il leur  comme blâme la parole du très Haut : « Certes, ceux  qui ne croient pas a l’au-delà nomment les anges d’un nom féminin » Cheikh Moussa va plus loin dans la présition des causes qui l’ont conduit à rédiger cette œuvre en disant « C’est pourquoi j’ai composé cet ouvrage uniquement pou soutenir la vérité et réfuter le mensonge ; et ce, après avoir attendu pendant plusieurs années. Mais l’affaire devenait de plus en plus grave, je me résolus à leurs adresser une réponse satisfaisante et suffisante s’il plaît à Dieux Très Haut »
      Si nous analysons l’introduction  nous nous rendons compte que l’ouvrage n’a pas été rédigé pour combattre la Tijjânyya, ni une autre confrérie et encore moins le Cheikh EL hadj Oumar. L’œuvre n’est pas plus une apologie de la Qâdiriyya. C’est plutôt un rappel à l’ordre des ignorants et des fanatiques pour leur dire qu’entre les confréries, il n’existe pas des rapports de supériorité ou d’infériorité. Elles ne sont ni antinomiques ni contradictoire, mais au contraire, elles sont là pour enrichir la pratique du culte. Toutes les confréries convergentes vers Dieu, c’est la diversité dans l’unité. Cette idée rappelle celle du Coran ou Dieu Le Très Haut dit : « ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle … connaissez. Le plus noble d’entre vous auprès d’Allah, est le plus pieux Allah est certes Omniscient et Grant Connaisseur » (Coran : S 49; V13).

Selon Cheikh Moussa, pour être un bon croyant, on n’est pas tenu d’appartenir à telle ou telle  confrérie religieuse, et encore moins d’effectuer des comparaisons ou des oppositions dans le dessein de déduire que celle-ci est meilleure que l’autre. C’est une question de croyance, sinon aucun croyant ne peut réciter des litanies plus chères à Dieu le plus Haut que la lecture du Saint Coran. En matière de foi, ces positions ne conduisent jamais à la vérité, à l’unité et la fraternité des croyants. C’est certainement de semblables idées qui ont fait  penser à certains que Cheikh Moussa est un détracteur de la Tijjânyya par conséquent, d’EL Hadj Omar étant donné qu’il incarne cette confrérie en Afrique Noire. Toutes les Voies mystiques pour Cheikh Moussa convergent et vont vers le Seigneur des Mondes.
Examinons maintenant le plan suivi par l’auteur et essayons d’effectuer une comparaison entre les thèses de Cheikh Moussa et celle posées par la Tijjânyya.

L’auteur dit : « je l’ai disposé (al-haqq al-mubîn) en une introduction, des chapitre, des sous-chapitres et une conclusion.
 L’introduction porte sur le fait que l’on ne saurait être catégorique sur la véracité de personne, à l’exclusion de Dieu et de son Prophète et puis un chapitre sur la permission de pratiquer plusieurs Wirds et d’avoir plusieurs maîtres spirituels etc., un chapitre sur les mystiques qui avaient plusieurs Wirds et la permission de changer  de confrérie comme d’école juridique. Un sous-chapitre, sur la règle  de ne pas considérer les «awliyâ » (amis de Dieu) supérieurs les uns aux autres en se fondant sur l’opinion et sous l’emprise de la passion, etc., un sous chapitre sur la non supériorité des Wirds attribués aux maîtres spirituel ; puis un sous chapitre sur le fait que le nombre élevé de compagnons et de disciples n’est pas un signe de bien : puis un sous chapitre sur la non gravité de l’utilisation du tabac à cause de la divergence à son sujet, puis un sous chapitre : il n’est permis de critiquer que les choses sur la quelles il n’ya pas conservus.
            Puis un chapitre sur la visite que certains adeptes de la Tijjânyyâ considèrent comme rupture.
Enfin une conclusion sur l’unité des confréries menant vers Dieu « Le Très Haut » (trad. De M Moustapha NDIAYE. Idem.).

Nous avons omis volontairement quelques sous chapitres qui n’ont pas de rapport direct avec les idées que nous voulons développer
 Pour jeter une lumière sur la différence des thèses de Cheikh Moussa sur les confréries religieuses et celle de la Tijjânyya rappelons brièvement quelques unes de cette dernière
1°/ Ne chercher la bénédiction d’aucune Saint que sont Cheikh Tijjân, les Prophètes de Dieu et tout les compagnons de Mohammed
2°/ Ne pratiquer aucun n’autre Wirds.
3°/ Faire son wird jusqu'à la mort, une fois qu’on l’a commencé  (A. Marone,,B IFAN ,t 32,1970 ;p 145).

Les thèses évoquée dans la présentation de l’ouvrage de Cheikh Moussa, « al-Haqq al-Mubîn » montrent qu’il existe une différence fondamentale entrer dans les détails, disons que Cheikh Moussa exige le respect des visites pieuses aux autre, ou de leur offrir des cadeaux. Ses propos sur Thierno Bokar Alpha de Horé Fondé et de Thierno Tafsirou Balla de Mogo dans  « al Haqq al-Mubîn » sont édifiant sur ce point.
-         Il a par ailleurs prouvé que le wird, et en particulier celui
De la Tijjânyya, n’est pas limitatif. Il a cité dans le même
Ouvrage des exemples qu’illustre cette idée
Il a également montré que l’on pouvait changer de confrérie comme on peut changer de maitre. Cheikh moussa, contrairement a ce que certains pensent n’est pas adversaire de la Tijjânyya ni de ses maîtres. Il ne saurait l’être car il est lui-même Moqaddam dans cet ordre. Il a cependant tiré la sonnette d’alarme pour inviter les musulmans a renforcer les liens qui les unissent. Le dernier thème qui a également fait couler beaucoup d’encre est celui de la guerre sainte « jihâd ». la position de cheikh moussa Kamara est sans équivoque sur cette question, elle se trouve résumée dans son œuvre intitulée : « Akhâr al Raghibin fi al-Jihâd bad Nabiyyina man yakhtar al-Zuhûra wa mulk min al-ibâd » (la plupart de ceux qui ont fait la guerre sainte après notre prophète ne font que de l’obtention    et ne s’occupe pas des gens qui meurent dans la guerre sainte (IFAN CAD ; cahier15) . la guerre sainte, pendant et après le cheikh El Hadj Omar a été au centre des préoccupations des autorités coloniales françaises, au point que certains se sont posés la question de savoir s’il n‘ y a pas eu une main secrète française dans la  rédaction de l’ouvrage de cheikh Moussa KAMARA. qu’en est-il véritablement ?

Au terme de cette brève étude, nous avons pu faire état de la vie culturelle, géographique, sociale et religieuse du Fouta Toro.
Nous retiendrons que malgré l’ancienneté de son implantation (11eme _   12eme siècle), L’islam Futanké renfermait une forte impression des coutumes du Fouta au temps d’EL Hadj Oumar et pendant la jeunesse de Cheikh Moussa Kamara.
Dans un deuxième temps, nous avons démontré que Cheikh EL hadj Oumar.  Plusieurs passages de ses ouvrages prouvent qu’il voue un respect sacro-saint au Cheikh EL Hadj et reconnait ses mérites et sa sincérité.

Nous avons pu également remarquer que cette admiration qu’il a pour le Cheikh EL Hadj Oumar n’a pas émoussé sa vigilance ni ébranlé sa conviction
Les thèses de Cheikh Moussa sur confréries mystiques différent, on peut le dire, fondamentalement  de celles prônées par certaines autorités de la Tijjânyya.  
    
L’ouvrage de Cheikh  Moussa Kamara « Akhtâr-ar-Râghibîn » montre qu’il ne s’oppose pas aux fondements juridiques du Jihad d’EL Hadj Oumar mais condamne bien les malheurs qu’il a causé
Dans cette étude, nous avons essayé également de prouver que Cheikh Moussa Kamara n’était pas  un détracteur du Cheikh EL Hadj Oumar, quand bien même  il a développé des idées différentes de celles de son maître spirituel. Nous pensons aussi que l’œcuménisme de Cheikh Moussa et son amour pour les français méritent d’être soulignés.

Jugé au tribunal l’histoire, disons que Cheikh Moussa était un visionnaire. Les risques de destruction, de dégâts et de perte en vies humaines dont il  avait peur si les marabouts guerriers s’attaquaient aux autorités coloniales français  ne sont plus à démontrer, démontrer, tandis que les dérapages et le fanatisme de certains adeptes de confréries religieuses ne font pas non plus honneur au musulmans.

Même si les thèses développées par Cheikh Moussa Kamara, par leur délicatesse blessent  l’innocence, il faut lui reconnaître le mérite et le courage d’avoir fait de la réflexion sa philosophie.
Dieu Le Très Haut n’a-t-il pas dit dans le coran
« Réfléchissez donc, ô vous qui êtes doués de clairvoyance » (Coran ; s 19, v2).

Quatrième Partie : EL Hadj Oumar TALL, UN PIONNIER DE L’UNIFICATION AFRICAINE, Par Sékéné Mody CiSSOKO*


Le Problème de l’unification dans l’histoire Africaine

Le drame de l’Afrique d’aujourd’hui est son extrême morcellement en plus de quarante pays indépendants et souverains, en proie au sous- développement économique et de plus en plus dépendants de la Mondialisation. Les pionniers de L’Indépendance ont prévu cette situation malheureuse, et certains s’étaient âprement battus pour constituer des Etats unitaires ou fédéralistes. On peut citer, en Afrique de l’Ouest, au début  des indépendances les cas de Ghana – Guinée, de la fédération du Mali (Sénégal + Soudan) du conseil de l’Entente. Malheureusement les résultats furent des échecs aujourd’hui amèrement regrettés.

L’histoire ouest africaine n’est pas cependant celle du morcellement. A travers son évolution deux fois millénaire, l’Ouest africain a connu des Etats puissants qui ont réalisé l’unité de la majeure partie des pays et des peuples aussi bien dans la zone soudanaise que côtière. Les plus connus sont des empires médiévaux qui se sont pratiquement succédés des siècles dans la même zone : l’empire de Ghana (III – XIe siècle), celui du Mali (XIIIe- XVe siècle), celui des Songhay (XVème siècle), les royaumes mossi, des Etats Haoussa, Achanti, Bénin ne citer que ceux-là.

Le XVIIIéme siècle vit la rupture de cette évolution unitaire. En effet, l’invasion marocaine à la fin du XVI siècle, le développement du commerce atlantique avec la traite négriere précipitèrent le morcellement politique, la naissance de nombreux royaumes guerriers eurent pour conséquences, l’insécurité et le sous-développement généralisé aux XVIIème et XVIIIème siècle.
Certes au XVIII siècle, certains peuples guerriers comme les Bambaras de Ségou et du Karta ont pu consolider leurs pouvoirs fondés sur la guerre et l’esclavage. IIs ont unité les pays environnants mais n’ont pas été en mesure de former un Etat unitaire Bambara. Les Etats Foutanké (Fouta jalon, Fouta Toro) étaient musulmans et n’ont pas été expansionnistes d’un Jihâd Ouest africain.

*Sékéné Mody CISSO, Professeur Titulaire, Historien, pionnier de l’historiographie africaine, Directeur de l’Ecole Privée Cheikh Anta DiOP, Bamako (Mali).

Le grand mouvement d’unification de dimension interrégional tel que le rêvaient les nationalistes pionniers de l’indépendance et nous même, fut réalisé au milieu du XIXème siècle par El Hadj Oumar Tall, enfant du Fouta Toro dans l’extrême ouest de L’Afrique.

El HADJ OMAR TALL, UN PIONNER DE L’INDEPENDANCE AFRICAINE

L’œuvre d’El Hadj Omar a attiré de tous les chercheurs sur l’histoire de l’Afrique. De nombreux travaux ont aujourd’hui éclairé cette étape importante de notre évolution. Notre objectif n’est pas de la retracer, mais de réfléchir sur un aspect particulier, celui de son unification d’une grande partie de l’Ouest africain. El Hadj Omar peut être considérer comme un pionnier  d’un certain panafricanisme. De son enfance à sa disparition, il refléta aujourd’hui autant revendiqué par le Sénégal, que par le Mali qui le considère comme un des grands hommes. II dort éternellement à Déguembéré dans les falaises dogon de Bandiagara.

EL HADJ OMAR, UNIFICATEUR D’UNE PARTIE DE L’OUEST AFRICAIN

Au moment ou disparaissait le Khalife tidjâ, un vaste empire était fondé allant de Diguiraye en République de Guinée, au sud de la Mauritanie, et couvrant une large partie du Mali. Autrement dit, les quatre Républiques contemporaines, la Guinée, le Sénégal, le Mali, la Mauritanie virent amorce d’unification par El hadj Oumar qui devint un acteur de leur histoire nationale.

L’empire Omarien comprenait au sud ouest une partie de la Guinée actuelle, c'est-à-dire les pays poulo-malinké de Dinguiraye, du Ménien, tout le Mali méridional spécialement le grand Bambouk, le Gangara, le Birgo jusqu'au Mandingue de Siguiri. Vers l’Ouest le Boundou, une grande partie de Gadiaga, (Kaméra) et du Fouta Toro en lutte contre la domination française. Du côté mauritanien, une partie du Guidimakha et des pays soninké et berbères passa sous contrôle foutaké. La majeure partie au Mali actuel, situé entre le Sénégal et le Niger, entre le Sahel et les pays sénoufo, la vallée du Niger jusqu'à Tombouctou  fut le noyau véritable de l’Empire toucouleur d’El Hadj Omar. Son fils et successeur Ahmadou régnera ainsi sur le territoire que la conquête coloniale lui arrachera par morceaux jusqu’en 1890.

L’objectif de l’intégration de la Région se voit aussi dans la politique de brassage des peuples par EL Hadj Oumar pour consolider son empire.

Le cas le plus frappant est l’immigration des peuples de l’Ouest vers l’Est, le Kaarta et la Vallée du Niger. El Hadj Omar encouragea par tous les moyens le fergo des Foutakés dans le Kaarta, bouleversant ainsi le peuplement de cette zone où Peuls, Foutanké, Soninké allaient se côtoyer et se mélanger jusqu'à nos jours. Les grandes villes comme Koniakary, Nioro du Sahel témoignent encore de ce brassage. Ainsi entre le Mali et le Sénégal la frontière est politique, et non ethnique et culturelle. II est régratable que les fondateurs de la fédération du Mali en 1960 n’aient pu exploiter cette situation. D’autres peuples tels des Haoussa lointains, talibés venus avec El Hadj Oumar, les peuls du Fouta Jalon, du Boundou, des malinké du Bambouk, des Soniké de l’Ouest ont encore leurs descendants installés dans les régions de Ségou, du Massina, et même de Bandiagara par le fait Omarien.

Ahmadou et son cousin Tijâni eurent à gérer cette situation de mutations qui avait ses avantages et ses contractions. L’objectif Omarien était en toute la création d’un Etat théocratique avec un vaste territoire, avec des peuples qui devaient constituer une nouvelle communauté assise sur l’Islam tidjâne.

C’est pourquoi, il organisa des Etats théocratiques au fur et à mesure du Jihâd. II mit fin au morcellement politique de la zone par l’installation d’un Etat unitaire ayant un seul chef et une organisation solide et centralisée. Le Cheikh est le représentant de Dieu et doit gouverner tous les pays musulmans selon les lois de l’Islam. Tout le monde devait obéir à ses ordres et le salut du fidèle devait se réaliser par son intermédiaire. Du reste, la sainteté d’Omar était connue de tous et les miracles qu’il a réalisés lui assuraient un dévouement total.

En conclusion, l’œuvre Omarienne d’unification d’une grande partie de l’Ouest africain n’a pu durer dans le temps. La nature religieuse de l’objectif, l’emploi de la violence comme moyen, la désorientation du Jihâd en instrument de domination foutaké sont, entres autres, causes de l’échec. Omar a cependant mis fin au morcellement politique de la Région, réveillé de leur immobilisme séculaire, nombre de peuples qui allaient désormais s’interpénétrer pour une véritable unité qui est aujourd’hui l’objectif de nos Etats. EL Hadj Omar est un héros national de l’histoire du Mali comme du Sénégal, de la Mauritanie et de la Guinnée. II fut un grand homme de l’histoire africaine.
          
CONCLUSION

Initié au Titianisme, il fut nommé Khalife générale de la confrérie Tidiane de l’Afrique occidentale. Revenu dans son Fouta natal, il sentit alors le devoir de répandre l’Islam et arrêter la colonisation. Le pouvoir, la richesse et la sagesse c’est Dieu qui le donne et Il le donne à qui Il veut. Tandis que l’erreur est l’affaire de satan. Et les méchants, c’est satan qui les trompe. Par une intelligence tactique, il était maître absolu, avec une mission de vaincre ou de guérir. Il visait l’intégration de l’Afrique. Voilà un guide spirituelle infatigable.

 Celui qui brisa 360 idoles au Mali pendant sa fulgurante carrière et qui gagne 222 batailles aux dépends de ses ennemis, Celui qui traversa des dizaines de Pays en quête de science, qui écrit une dizaine de livres pour enseigner des connaissances, celui qui vit le prophète Mohamed (PSL) à l’âge de 25 ans, celui qui posséder le plus grand don de Dieu. Celui qui a reçu l’autorisation spéciale de déclencher la guerre sainte, ne perdit jamais la dignité et la lucidité face aux pires épreuves. L’Homme s’en alla avec ses mystères mais la mémoire se perpétua à travers les siècles. Il pouvait rester longtemps sans manger ni boire. Sa voix était douce et résonnait aussi bien de loin que de prés. Il n’a jamais excessivement ri, ni pleuré. Sa colère était rare, son visage était calme, souriant en toutes circonstances. Il écrit son livre Rimah en 1844 avec un nombre total de 55 chapitres. Ce livre reste le principal ouvrage mystique de l’Afrique Musulmane. Il y expose la théorie de la connaissance de Dieu et y réglemente la codification des prières du chapelet, des récitations de Coran, les attitudes corporelles, les tenues vestimentaires etc. 

Sa formation, son long voyage, ses guerres et sa succession datent de Naissances avancées par les historiens et les signes miraculeux qui ont entouré cette Naissance magnifique.

 Ses batailles (222 fois)

Les batailles d’El Hadj Oumar sous le commandement d’ALPHA OUMAR Thierno BAYLA de Kanel s’étalent sur une période de douze ans (12 ans). Il débuta la guerre sainte (Djihad) en 1852 avec ses fidèles compagnons. Ses talibés (adeptes) sont au nombre de 30000. Ces hommes braves qui ont démoli la ville de Tamba, en même temps pour Madina Khasso 1853, Ndouga Sambala fut vaincu en 1854. Nioro et plus Diafouna, Kaata Kougna Kari Diaguerde tombèrent en 1855. Ces batailles continuèrent et fut au tour de Sabou Siré, Margoula Goundaga, jusqu’à Mayo où il rencontra Paul Holle, qu’il informa que général Faidherbe avait pris possession de Matam. C’est alors que Cheikh Oumar écrivit au général Faidherbe, l’invitant à quitter la ville et il continua ses batailles.

  Les chiffres autour du Cheikh

Ses voyages (18 ans)
Pèlerinage à la Mecque 3 fois
UMRAS (petits pèlerinage) 3 fois
Connaissances apprises (1037)
Connaissances mémorisées (313)
Talibés adeptes sont au nombre de 30.000 hommes
Ses écrits sont au nombre (66)
Ses macérations ( khalwa) sont au nombre de (66)
Ses prières du matin et du soir (74) par jour
Ses Frères et Sœurs de même père et de même mère (10) et il est le cadet de sa mère.

SOURCES
Samba Dieng, Professeur titulaire. Département de Lettres Modernes, Faculté des Lettres et sciences Humaines. Spécialiste de El Hadj Oumar.
Professeur Thierno KA AL HABIB, Chercheur du département d’Islamologie à L’IFAN.
Oumar BA, Doyen des chercheurs du tiers Monde. Chargé d’étudier la France, Nouakchott (Mauritanie)
Daly Ismaila Dia (tradion orale), fervente disciple de Cheikh Ah met Tidiani Cherif
Ouztass TALL, Professeur d’Arabe.

BIOGRAPHIE
FERNAND DUMONT, L’Anti-Sultant ou El Hadj Omar Tall du Fouta combattant de la foi. Dakar, NEA, 1971.
DELAFOSSE, Maurice. Haut Sénégal-Niger. Paris, Larosse, 1912 (3 vol)
SAINT MARTIN, Yves, L’empire toucouleur 1848-1897. Paris : le livre africain, 1970.
Amadou Hampaté Ba, L’empire peul du Macina. Paris, LA Haye, 1962.
ROBINSON, David. La guerre sainte d’AL HAJJ UMAR. Le Soudan occidental au milieu du XIXe siècle. Paris, Karthala, 1988