jueves, 3 de mayo de 2012

triste fin que celle d'abdoulaye wade

Triste fin que celle d’Abdoulaye Wade. Triste sort que celui de ce vieillard errant, imposant à son corps une corvée tant inutile que douloureuse, se livrant à ses obscures tentatives, maraudant partout le soutien de guides religieux, se dérobant sans rien obtenir, se laissant aller à des promesses fantaisistes, comme celle de transformer Rebeuss en Manhattan. Et quand ces promesses n’enchantent personne, il se transforme en prophète du malheur, en prédécesseur de l’Armageddon, nous promettant l’apocalypse s’il n’est pas réélu. Cette campagne nauséabonde, il nous l’a imposée, en diabolisant son adversaire, le dépeignant sous des traits qui sont les siens. Macky Sall, ingénieur de formation, a été directeur de société, ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, «mais il n’a pas d’expérience». L’homme qui parle ainsi pour Abdoulaye Wade est Pape Diop, deuxième personnalité de l’Etat, son successeur constitutionnel, ancien pompiste, ancien mareyeur, repris de Justice. Ces gens qui ont fait preuve du plus grand amateurisme dans la direction du pays, démantelé notre administration centrale qui était une des plus performantes d’Afrique, pour positionner leurs suppôts, sont mal placés pour parler d’expérience. Jamais dans la tradition démocratique de ce pays, nous n’avons autant entendu la noble activité démocratique associée à des mots comme «gourdin, fétiche, sacrifice, attaque, violence» et toutes sortes d’injures. Abdoulaye Wade ne se rend même pas compte que les temps ont tellement changé que ses promesses d’hier, comme les machines à produire du mafé, n’opèrent plus. Et que les Sénégalais en ont tellement à suffisance, que la peur qu’il veut susciter en eux est un moindre mal par rapport à la menace qu’il représente pour nous tous. Mais ce qui est encore inacceptable, c’est l’insoutenable légèreté avec laquelle ce Wade se croit indispensable. Toute sa stratégie se résume à faire peur aux sénégalais et cela par tous les moyens, sans aucun égard pour la vérité et la morale : «C’est moi ou la catastrophe». Ce qui est encore l’expression d’un mépris à l’endroit de tous, à commencer par les cadres de son parti qui le laissent débiter de telles inepties. Il parle de fuite des investisseurs, alors qu’ils ne viennent même plus chez nous, tellement ils sont effrayés par le niveau de corruption de leurs interlocuteurs. Comme si ces investisseurs n’avaient pas encore entendu parler de «monsieur 10%». S’il insiste tant à terminer ses chantiers, c’est pour empêcher que l’on découvre les mic-macs financiers qu’il y a autour, les centaines de milliards de francs qui ont pris le chemin des paradis fiscaux. Son fils, qui s’est chargé de tous ces investissements, ne pourra jamais nous expliquer comment une autoroute de 25 km sur une surface plane, sans obstacle, a pu coûter près de 375 milliards de nos francs. Il ne nous expliquera jamais où sont passés les 26 milliards de francs qui étaient prévus pour les «villas présidentielles» comme il ne nous dira jamais sur quels supports il a payé 400 millions de francs de frais publicitaires dans les pays du Golfe persique. Il ne nous dira jamais à qui appartiennent les deux appartements de luxe qui ont été le siège de l’Anoci et maintenant de son ministère. Il n’expliquera jamais comment une simple transformation de son bureau a pu coûter 750 millions de francs et comment il voyage en Jet privé, un luxe qu’aucun sénégalais ne peut se permettre. Pendant ce temps, les Sénégalais sont taxés à hauteur de 67% pour laisser son père maintenir son train de vie, financer ses statues. Ceux qui achetaient le kilogramme de riz à 140 francs l’achètent maintenant à 450 francs. Ceux qui achetaient le litre d’huile à 520 francs l’achètent maintenant à 1300 francs. Ceux qui achetaient le kilogramme de sucre en poudre à 320 francs l’achètent maintenant à 700 francs. Abdoulaye Wade a fait beaucoup de mal à ce pays, à ses hommes, à ses femmes, à ses institutions. Mais la dernière image qu’il laissera gravée dans nos mémoires est celle d’un vieillard que le pouvoir a rendu fou et qui a fini par se prendre pour Dieu; qui se dit seul capable de garantir notre bonheur, même quand il cause notre malheur. En allant voir des guides religieux pour leur dire que personne ne pourra le remplacer, il ne se rend même pas compte qu’il les heurte en faisant preuve d’une telle arrogance. Il arrive qu’au milieu de ses démonstrations, il m’oblige à ouvrir les yeux grands pour m’assurer qu’il est bien un être en chair et en os, tellement il affirme des choses incroyables, avec un culot jamais égalé. Ce siècle a vu des autocrates défiler, de l’Allemagne Nazi à la Corée du Nord, mais aucun d’eux n’a eu une si grande prétention. Le pays de Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadj Malick, Cheikh Anta Diop et Leopold Senghor, pour ne citer que ceux-là, n’aurait donc rien produit de mieux que lui. Il nous aurait aussi donné l’héritier le plus intelligent, le seul capable de trouver des investisseurs et de conduire tous ces ministères rassemblés à sa gloire, son fils Karim Wade. L’homme que nous avons en face de nous ne fait pas d’erreur, ne se trompe pas, parce qu’il se prend pour Dieu. Plus que son bilan, qui a plongé des millions de sénégalais dans la misère, c’est pour son arrogance que ce prestidigitateur hors norme va être puni par les Sénégalais. Devant l’inacceptable humiliation les Sénégalais ont réussi l’unité autour de Macky Sall, qui a su se montrer humble face à de si grands enjeux. Abdoulaye Wade n’a personne parce qu’il a réussi à se mettre tout le monde à dos. Même les chefs religieux n’ont pas été épargnés. Il ne peut donner de l’argent qu’en l’accompagnant d’une grande publicité et en exigeant de ceux qui reçoivent ses dons illicites, une obéissance totale. C’est bien son maître Machiavel qui enseigne que quand on se met à dos tout un peuple, on risque de se retrouver seul face à l’adversité. Ce président illuminé est détesté jusque dans son entourage. Ceux qui lui vouent encore une loyauté le font aux prix d’une soumission aveugle, partagés entre les dangers de l’obéissance et ceux de la déchéance qui les guette. Les provocations de Bethio Thioune ne font qu’ajouter à la colère de la communauté mouride, choquée par la mégalomanie outrancière que ces deux usurpateurs ont en commun. Il s’est fait contre sa candidature et pour l’élection de Macky Sall, une unanimité que je trouve salutaire pour le Sénégal, qui lui enlève toute possibilité d’usurper le pouvoir. Abdou Diouf avait eu l’intelligence de comprendre qu’il ne servait à rien d’ajouter à une défaite déjà humiliante, le déshonneur d’une sortie inélégante. Abdoulaye Wade avait juré de ne pas faire moins que cela.

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